Par Kamel M. – Les Etats-Unis ont fixé leurs priorités au Maghreb, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Le Maroc n’en fait pas partie. En tout cas, c’est ce qu’on peut déduire de l’absence d’un ambassadeur désigné à Rabat dans la liste rendue publique ce vendredi par la Maison-Blanche annonçant l’intention de Joe Biden de nommer «neuf membres de carrière du service extérieur principal en tant qu’ambassadeurs».
«Aujourd’hui, le président Joe Biden a annoncé son intention de nommer neuf membres de carrière du Senior Foreign Service en tant qu’ambassadeurs pour représenter les Etats-Unis sur la scène mondiale», indique un communiqué officiel qui fait état de la nomination de nouveaux ambassadeurs en Algérie, au Cameroun, en Somalie, au Lesotho, à Sao Tomé et Principe, au Sénégal, en Guinée Bissau, au Congo, à Bahreïn et au Vietnam. Ce choix fait par Washington de commencer par ces pays n’est pas le fruit du hasard. Il dénote la prévalence des intérêts américains dans chacune des capitales pourvue en représentant diplomatique dans le sillage des changements que l’administration Biden compte introduire dans la politique étrangère de Washington au lendemain de la défaite de Donald Trump.
L’armée américaine est présente en force en Somalie, les pays africains concernés par les nouvelles désignations sont appelés à jouer un rôle prépondérant dans la guerre économique que les Etats-Unis livrent au dragon chinois, qui compte régner en maître absolu sur le continent noir dans les décennies à venir, le Vietnam est lié à l’Oncle Sam par une guerre meurtrière dont les réminiscences sont à ce jour vivaces, et Bahreïn est un bastion chiite qu’il faut prémunir d’un basculement dans le camp de l’Iran. Quant au Maroc, il ne représentait une pièce maîtresse que dans le plan de Donald Trump et de son gendre Jared Kushner, plan qui s’est écroulé comme un château de cartes dès l’entrée de Joe Biden au bureau ovale.
L’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, David T. Fischer, a été limogé en janvier dernier. Son éviction soudaine et inexpliquée intervenait au lendemain de l’inauguration par le sous-secrétaire d’Etat américain David Schenker d’un consulat dans la ville sahraouie occupée de Dakhla, en présence de l’ex-ambassadeur, et à moins d’une semaine de l’accession du successeur de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le limogeage du diplomate américain était un signe avant-coureur des changements que Joe Biden allait apporter à la politique étrangère de Washington. Des sources concordantes avaient affirmé, en effet, que les Etats-Unis devraient fermer le consulat ouvert par son prédécesseur en violation des résolutions onusiennes et abandonner la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Le Makhzen a essayé d’occulter ce désaveu clair de la nouvelle direction politique à Washington, en mettant en avant l’imminence d’exercices militaires conjoints entre les armées marocaine et américaine. Les médias de propagande de Yassine Mansouri avaient répandu de fausses informations sur le polygone fixé pour ses manœuvres, en y intégrant le territoire sahraoui de Mahbes, au plus près de la frontière algérienne. Une information farfelue qui s’est ajoutée à une autre, selon laquelle l’exercice en question serait destiné à «simuler une riposte à une attaque d’une force soutenue par un autre pays», comprendre l’armée sahraouie et l’Algérie.
Le Maroc avait tenté de détourner la manœuvre conjointe de son objectif réel, en faisant dire au commandant de l’Africom qu’elle serait dirigée contre l’Algérie, alors que les Etats-Unis inscrivent leur action dans la lutte contre la menace islamiste, sachant que la coopération avec l’Algérie dans ce domaine est régulièrement louée par Washington qui considère l’armée algérienne comme le véritable rempart contre les groupes islamistes armés qui infestent la région du Sahel.
Une approche confirmée par la nomination de la nouvelle ambassadrice à Alger, ce vendredi.
Algérie Patriotique, 16 avr 2021
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