La grève surprise déclenchée par les travailleurs d’Algérie poste est à son troisième jour consécutif, sans que le moindre signe d’apaisement ne soit en vue. Hier, de nombreux bureaux de poste, principalement à l’intérieur du pays et au niveau des petites localités, ont rejoint un mouvement d’une ampleur jamais égalée. Au deuxième jour de Ramadhan, Algérie poste est totalement paralysée, à quelques rares exceptions.
A la différence de certains bureaux au niveau de la capitale, où les employés étaient en poste mais faisaient grève, des centaines d’agences postales dans plusieurs villes du pays sont restées fermées, affichant toutefois qu’elles ont suspendu leurs activités. La grève, qui n’est que l’aboutissement logique d’un malaise qui dure depuis des années, a surpris la tutelle représentée par le ministre. Celui-ci a pu constater de visu la détermination des grévistes à poursuivre leur mouvement jusqu’à obtention gain de cause.
Sa tentative de ramener la discussion au problème de représentativité syndicale a fait monter la pression. Lui-même s’est retrouvé dans une situation embarrassante. En son for intérieur, Brahim Boumzar était convaincu du fait que la crise que vit aujourd’hui Algérie poste ne date d’une ou de deux années. Mais qu’elle est l’accumulation de nombreux problèmes, qui s’étaient aggravés durant la période de Houda Imane Feraoun.
Le versement de la première tranche de la prime d’intéressement, annoncé par la direction générale d’Algérie poste réussira-t-elle à mettre fin à un mouvement, qui risque de se radicaliser ? La décision de verser cette prime réclamée par les grévistes va-t-elle calmer les esprits, en attendant le versement de la deuxième tranche ? Décidée la veille du Ramadhan, une période qui connait chaque année une pression sur les bureaux de poste, la grève sans préavis a mis à nu les nombreux dysfonctionnements d’une véritable institution financière, gérée comme une administration, alors qu’elle aurait dû bénéficier du statut d’une banque. Au sein de la population, les avis sont partagés.
Certains déplorent l’absence de communication. « Je suis enseignante, je suis venue retirer ma paie, la poste était ouverte, mais il n’y avait personne au niveau des guichets », a témoigné une femme interrogée par la radio nationale. « On ne sait pas ce qui se passe, personne ne nous informe », a affirmé un retraité, pour qui ce sont les responsables d’Algérie poste qui sont la cause de cette grève. « Pourquoi ils n’ont pas versé la prime aux travailleurs avant Ramadhan, c’est eux qui sont la cause de cette grève », a-t-il estimé.
D’autres par contre n’ont pas hésité à accuser les travailleurs d’Algérie poste de « faire du chantage ». Quoi qu’il en soit et sans se lancer dans des jugements de valeur, un constat s’impose : le front social est en ébullition. Et l’agitation a déjà gagné plusieurs secteurs. Après l’Education et la Poste, ce sont les fonctionnaires des impôts, qui ont annoncé une grève de trois jours à compter du 20 avril prochain.
Mohamed M.
L’Est Républicain, 16 avr 2021
Etiquettes : Algérie, grève, front social, La Poste,