Dans le cadre de l’apaisement des contentieux historiques
Neuf députés français ont demandé au président Emmanuel Macron de “publier les données et les cartes des zones” des déchets résultant des campagnes d’essais nucléaires menées au Sahara algérien dans les années 1960.
S’adressant au président Macron, les députés soulignent: «Vous avez désormais l’occasion d’impulser une action concrète en faveur des populations civiles et de l’environnement qui continuent d’être affectés par des déchets nucléaires enfouis par la France dans les sables du Sahara; il vous faut la saisir».
«La rencontre a été repoussée “sine die”! La cinquième session du comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français, qui devait se dérouler ce 11 avril, avait pour volonté de s’inscrire, comme vous l’avez exprimé, M. le Président, dans un contexte d’apaisement des contentieux historiques entre la France et l’Algérie », peut-on lire dans leur tribune.
«A cette fin, vous avez pris, rappellent-ils, différentes initiatives, dont la dernière en date du 9 mars demandant a faciliter l’accès aux archives classifiées relatives a la guerre d’Algérie pour “favoriser le respect de la vérité historique” ».
Par ailleurs, les neuf députés ont rappelé qu’en février dernier «le ciel d’une large partie de la France a arboré une teinte orangée… Le sable du Sahara [algérien], porté par les vents…».
«Cet épisode météorologique est venu une nouvelle fois rappeler que la France a laissé une empreinte radioactive indélébile au cœur du Sahara», relèvent-ils, tout en rappelant que «Dix-sept (17) explosions nucléaires entre 1960 et 1966, atmosphériques et souterraines, ont été réalisées a Reggane et In-Ekker pour tester la bombe atomique française».
«En 2021, les connaissances sur ces essais, sur les accidents (Béryl, Améthyste, Rubis, Jade) et leurs conséquences sont nombreuses », ont-ils souligné.
Selon eux, «il manque toujours des informations clés, concernant les déchets (nucléaires ou non) pour la plupart enfouis volontairement dans les sables, pour assurer la sécurité sanitaire des populations résidant dans ces zones, protéger les générations futures et prendre les mesures nécessaires et appropriées en vue de la remise en état de l’environnement».
En 1997, le député Christian Bataille, membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques français, reconnaissait que «sur la question des déchets qui auraient pu résulter des campagnes d’essais réalisées au Sahara, il n’existe aucune donnée précise».
«Nos questions écrites et orales adressées a la ministre des Armées et a la ministre de la Transition écologique ont fait l’objet de réponses qui démontrent une même volonté de conserver une certaine opacité sur ce sujet », ont-ils déploré, ajoutant qu’«une attitude similaire est a déplorer concernant le ministère des Affaires étrangères, dont la direction Afrique du Nord et Moyen-Orient ne donne, pour l’instant, pas suite aux demandes d’entretien réalisées par la société civile».
«Nous refusons, insistent-ils, d’imaginer que le passé nucléaire de la France continue de générer des risques sanitaires, humanitaires et environnementaux. Nous refusons de croire, pour paraphraser Benjamin Stora, que cette “question brûlante”, inscrite dans le rapport qu’il vous [Macron] a remis, soit étouffée par l’inaction politique ou des blocages d’ordre psychologique».
«Après soixante longues années de silence et d’opacité, n’est-il pas temps de publier les données et les cartes des zones où ces déchets ont été enterrés?», s’interrogent-ils.
«L’histoire est ce qu’elle est, les centres d’essais du Sahara ont été démantelés, mais l’impact de la radioactivité est toujours présent, tout comme en Polynésie», ont-ils affirmé.
Echourouk online, 14 avr 2021
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