par Madjid Khelassi
El Harga (émigration clandestine) continue d’habiter les rêves des algériens et des algériennes.
En fin de semaine passée, c’est une algérienne, mère de famille de 31 ans et sa fille de 9 ans qui ont péri, suite au naufrage de leur embarcation, aux larges côtes espagnoles plus exactement à 5 kilomètres de la ville de Murcie.
Partie des côtes de Mostaganem, cette mère de famille (accompagnée de sa fille) voulait rejoindre son mari, installé depuis quelques temps en France, après avoir gagné le sud de l’Europe en harraga. Mais le destin en a décidé autrement.
Après une certaine accalmie due à la pandémie Covid, El Harga a repris de plus belle, encouragée par une longue période de beau temps sur les 2 rives de la Méditerranée.
El Harga…ou le jeu des vies à la roulette russe…des rêves ! Ils sont combien les enfants du désespoir à tenter le saut de l’ange sur une felouque brinquebalante et dopés par une seule envie : Déguerpir !
Cherchant la rédemption, par la Harga ,quitte à échouer sur les eaux glaciales du tragique, habitués qu’ils sont, aux avis de tempêtes de leur vie quotidienne.
El Harga, El Harba, comme pour mieux donner à entendre, le murmure étouffé de ceux que rien ne peut retenir ici. Ni la famille, ni les amis, ni les copains, ni les copines.
Murmure permanent, d’une jeunesse complètement déboussolée, et décider à mettre les voiles.
Alors, entre le rêve d’un éden européen et la réalité sordide d’un rafiot craquant, se tissent des liens avec un troisième élément : les passeurs- monstres qui se fichent des rêves naïfs et des obstinations fatales.
Aussi , de nos jeunes qui périssent en mer, à ceux qui croupissent en prison pour émigration illégale, le même destin détouré au cutter du désespoir, fait que la Harga tourne souvent au cauchemar.
Qu’a cela ne tienne, rien ne décourage les candidats harraga . Qu’ils périssent en mer ou finissent dans un cachot, ils sont convaincus que l’Algérie est l’enfer d’une autre planète.
Dieu du ciel , si on devait faire le relevé topographique du désespoir de la jeunesse, nulle contrée ne s’y prêterait mieux que l’Algérie. Quelle tragédie indicible !
La Nation, 14 avr 2021
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