Algérie / Grève économique ou grève politique ?

Des établissements scolaires paralysés à l’appel du CNAPESTE

La grève à laquelle avait appelé le Cnapeste, enclenchée hier, a, comme cela était attendu, donné lieu à une « guerre » de communiqués entre le syndicat et la tutelle. Au moment où le premier parle de la « réussite » d’une grève dont le suivi au secondaire est établi entre 50 et 100%, le second met l’accent sur la faiblesse des taux de participation dans le moyen et le primaire.

L’écart entre les différentes estimations a commencé à dominer les débats, au point d’occulter les raisons pour lesquelles cette grève a eu lieu. Suivie avec force, faiblement suivie ou classée carrément dans la case des non-événements, la grève continuera à soulever des questions. Le coup de force tenté par le Cnapeste n’est pas isolé du contexte global du pays. Et quelle que soit la légitimité des revendications, le syndicat dirigé par Messaoud Boudiba ne pourra pas empêcher l’opinion publique de se questionner sur l’opportunité d’un tel mouvement.

« L’augmentation des salaires, le relèvement du point indiciaire, le retour à la retraite anticipée, la priorité du logement pour l’enseignant et la sécurisation des établissements scolaires contre les agressions », intéressent aussi d’autres secteurs, pour ne pas dire tous. Pourquoi le Cnapeste s’obstine-t-il à faire « cavalier seul » ? Pourquoi veut-il se démarquer des autres syndicats ?

Stratégiquement et tactiquement, cette grève doit répondre tout de même à des objectifs plus ou moins politiques et idéologiques. Elle fait écho à la polémique et aux controverses suscitées par la présence du mouvement Rachad dans le Hirak. Son timing le suggère, à moins que Messaoud Boudiba ne l’infirme, en expliquant aux Algériens, pourquoi son syndicat est monté au créneau en ce moment précis.

Considéré comme l’ « ennemi intime » de l’ancienne ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, le Cnapeste est connu pour son conservatisme proche des islamistes. En agitant le spectre d’une année scolaire agitée, plus qu’elle ne l’est à cause de l’impact de la crise sanitaire, ce syndicat ne fait que dévoiler ses « instincts » « khobziste », et exclusivement corporatistes, alors que de gros enjeux font leur apparition.

Mohamed M.

L’Est Républicain, 13 avr 2021

Etiquettes : Algérie, enseignement, écoles, CNAPESTE, grève,

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