Covid-19 Afrique : Que se passe-t-il avec les vaccins ?
Par Peter Mwai
BBC Reality Check
Entre-temps, les deux organisations ont recommandé que le vaccin d’AstraZeneca continue d’être utilisé malgré les inquiétudes soulevées quant à sa sécurité.
Comment les pays africains obtiennent-ils des vaccins ?
Les livraisons de vaccins dans le cadre du programme Covax ont commencé en février, et la plupart des pays d’Afrique se sont inscrits et ont reçu des doses de vaccin.
Le programme, soutenu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d’autres organismes multilatéraux, vise à fournir 600 millions de doses à l’Afrique, soit suffisamment pour vacciner au moins 20 % de la population.
Selon le CDC Afrique, l’initiative de Covax a jusqu’à présent permis de fournir plus de 16 millions de doses de vaccin à 31 pays africains.
Mais le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que « la plupart des pays africains sont loin de disposer d’un nombre suffisant de vaccins pour couvrir tous les travailleurs de la santé ou tous les groupes à risque. »
On craint également que les pays qui ont reçu des livraisons initiales dans le cadre de Covax ne soient bientôt à court de doses.
Le Rwanda a déjà épuisé les premières doses de vaccin qu’il avait reçues dans le cadre du programme Covax.
Le Ghana, premier pays d’Afrique à recevoir des doses de vaccin de Covax, est sur le point d’épuiser ses stocks initiaux.
Le pays a reçu 600 000 doses de Covax, ainsi que 165 000 doses données par le groupe MTN et 50 000 données par le gouvernement indien.
Jusqu’à présent, le pays a administré plus de 700 000 doses, et il ne lui reste qu’un peu plus de 100 000 doses à administrer.
« Les stocks limités et les goulets d’étranglement de l’approvisionnement mettent les vaccins Covid-19 hors de portée de nombreuses personnes dans cette région », a déclaré le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Le CDC Afrique a attiré l’attention sur la situation de l’approvisionnement en Inde, où le principal fabricant, le Serum Institute of India, a déclaré que sa capacité de production était « très tendue ».
« La situation en Inde aura un impact sur notre capacité à maintenir notre calendrier… et cela rend les choses très compliquées », a déclaré le Dr John Nkengasong, directeur du CDC Afrique.
Il a déclaré aux journalistes que l’Union africaine étudiait actuellement des plans pour obtenir des vaccins Johnson & Johnson afin de compléter les fournitures en provenance de l’Inde qui étaient prévues dans le cadre de l’accord avec Covax – mais qui ont été temporairement interrompues.
Qu’en est-il des problèmes de sécurité d’AstraZeneca ?
L’OMS a conseillé aux pays africains de continuer à utiliser le vaccin AstraZeneca, qui constitue la majorité des doses fournies dans le cadre du programme Covax.
Les autorités sanitaires du Royaume-Uni et d’Europe se sont penchées sur des caillots sanguins inhabituels apparus chez une poignée de personnes ayant reçu le vaccin.
« Sur la base des informations actuelles, l’OMS considère que les avantages l’emportent largement sur les risques et que les pays d’Afrique doivent continuer à vacciner les populations avec le vaccin d’AstraZeneca. »
Quelques nations africaines avaient mis en attente le déploiement du vaccin AstraZeneca par précaution.
Toutefois, l’OMS a déclaré à la BBC qu’actuellement, seuls le Tchad et le Zimbabwe avaient refusé de l’utiliser.
La République démocratique du Congo, qui avait suspendu le déploiement de son vaccin, va maintenant utiliser le vaccin d’AstraZeneca.
L’Afrique du Sud a retardé le début de son programme utilisant l’AstraZeneca pour une raison différente – parce qu’elle craignait qu’il ne soit pas efficace contre une nouvelle variante.
L’Afrique du Sud a commencé à vacciner en février après avoir reçu 80 000 doses du vaccin de Johnson & Johnson, qui est administré en une seule dose et s’est avéré efficace contre la variante.
Qu’en est-il des vaccins provenant d’autres sources ?
Certains pays ont effectué des achats directs auprès des fabricants, ou ont reçu des dons de la Chine, de la Russie, de l’Inde et des Émirats arabes unis (EAU).
Sur l’ensemble des doses livrées à l’Afrique jusqu’à présent, près de la moitié est venue de cette manière.
La Chine a fait don de ses vaccins à 16 pays africains, et l’Inde à 15, selon les données de l’ONU.
Les Émirats arabes unis ont également fait des dons à un certain nombre de pays, principalement en Afrique du Nord.
De plus, certaines nations africaines reçoivent maintenant des doses données par le biais d’un accord entre la société de communication mobile MTN basée en Afrique du Sud et l’Union africaine.
Cela fait partie d’un plan de 25 millions de dollars (17,8 millions de livres sterling) visant à fournir environ sept millions de doses à l’Afrique.
Il y a également une poignée de pays africains qui ne participent pas au programme Covax pour diverses raisons.
La Tanzanie a déclaré qu’elle n’avait pas l’intention d’acquérir des vaccins, et le Burundi affirme qu’il n’a pas besoin de vaccins pour le moment.
Selon le ministre de la santé de Madagascar, le pays est désormais prêt à participer au programme Covax.
Les vaccins sont-ils suffisants ?
L’OMS indique que, jusqu’à présent, moins de 2 % du nombre total de doses de vaccin Covid administrées dans le monde l’ont été en Afrique.
John Nkengasong, des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), estime que les vaccins fournis dans le cadre du programme Covax « ne permettront pas de faire sortir la pandémie » du continent sans aide supplémentaire.
Selon lui, les pays africains devront à terme vacciner au moins 60 % de leur population, son objectif pour cette année étant de 35 %.
Selon des recherches récentes de la Banque mondiale et du FMI, l’Afrique devrait dépenser environ 12 milliards de dollars pour acquérir et distribuer des vaccins afin d’obtenir une couverture suffisante pour stopper la propagation du virus.
BBC News, 12 avr 2021
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