Comme en 2020, les traditions musulmanes liées au mois sacré et à la rupture quotidienne du jeûne seront largement restreintes. Tour d’horizon des Etats qui ont déjà pris des mesures.
Exit les retrouvailles dans les cafés, les grands dîners d’iftar avec les proches, les festivals dans les rues… Pour la deuxième année consécutive, les célébrations du ramadan, qui débute mardi 13 avril pour un mois, seront touchées par la pandémie de Covid-19. Pour la majorité des 1,8 milliard de musulmans dans le monde qui observent le jeûne, le mois saint se fêtera dans la retenue, au sein du cercle familial.
Couvre-feu au Maroc, en Tunisie et au Liban
Plusieurs pays ont d’ores et déjà imposé des restrictions pour toute la période, à l’instar du Liban, de la Tunisie, et du Maroc, afin de limiter les rassemblements. Le 7 avril, les autorités marocaines ont décrété un couvre-feu à l’échelle nationale de 20 heures à 6 heures pour endiguer les déplacements nocturnes. Les prières collectives du soir sont de facto suspendues dans les mosquées du royaume chérifien, en état d’urgence sanitaire depuis la mi-mars.
Au Liban et en Tunisie, le couvre-feu commencera à 19 heures. Les tentes d’iftar et les banquets traditionnels sont proscrits. En revanche au Liban, les mosquées pourront accueillir les fidèles, à 30% de leur capacité. Ceux qui désirent s’y rendre doivent au préalable s’inscrire via une plateforme.
Même son de cloche aux Emirats arabes unis, où les autorités ont introduit des mesures sociales strictes. «Pour la santé et la sécurité de la société, nous conseillons à tous d’éviter les rassemblements en soirée pendant le ramadan, de limiter les visites familiales et d’éviter de distribuer et d’échanger des repas entre les foyers et les familles», a tweeté l’Autorité nationale de gestion de crises, d’urgences et des catastrophes (NCEMA). En conséquence, pas de distributions de repas à l’intérieur. En guise de consolation, l’agence recommande aux Emiratis de maintenir le lien via les plateformes numériques.
En Egypte, les prières seront autorisées dans certaines mosquées et diffusées en direct à la télévision pour permettre au plus grand nombre de les suivre. Les cours et les séminaires, habituellement organisés dans les mosquées, sont en revanche suspendus.
En Indonésie, l’une des traditions du ramadan, le Mudik, consiste à retourner au village familial. Mais cette année encore, 20 millions de personnes seront privées de déplacements. En Malaisie, l’Etat du Johor a autorisé les tarawih, les prières quotidiennes du soir, au sein des mosquées, sans limitation de personnes. Les autorités indiquent toutefois que ces festivités devront être réservées en priorité aux hommes.
Pèlerinage en Arabie saoudite pour les vaccinés
De son côté, l’Arabie saoudite a indiqué que le nombre total de fidèles à Médine sera limité à 60 000, contre 350 000 habituellement. L’an dernier, les prières dans les deux villes saintes, Médine et La Mecque, ont été suspendues. Le pèlerinage pourra avoir lieu à condition que le pays de provenance ait des liaisons autorisées avec l’Arabie saoudite, mais surtout sous réserve d’être vacciné. Les fontaines d’eau de Zamzam, considérée comme miraculeuse et bénite par les musulmans, ne seront pas disponibles, et remplacées par des bouteilles d’eau. Le partage et la distribution de nourriture seront interdits dans l’enceinte de la mosquée. En France, les agences de voyages spécialisées ont annulé tous les périples depuis un an.
Autre conséquence de la pandémie, les tentes des organisations caritatives, montées pour assurer les distributions aux plus démunis, ne pourront exister dans la majorité des pays, privant des milliers de personnes d’un repas chaud pour rompre le jeûne. Comme en 2020, le ramadan, qui célèbre la révélation des premiers versets du Coran au prophète Mahomet, se tiendra principalement sur Zoom, et en famille uniquement.
Libération, 12 avr 2021
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