Le Premier ministre Jean Castex devait ce week-end effectuer la première visite officielle en Algérie. Pour des raisons sanitaires, le déplacement a été reporté. De sources concordantes françaises et algériennes, le format de la délégation française, réduit en raison de l’épidémie de Covid-19, a été jugé insuffisant par les autorités hôtes.
« Le format de la délégation n’est pas a la hauteur » selon Alger, a ainsi indiqué, ce jeudi soir, une source française ayant connaissance du dossier.
« La visite a été réduite a une seule journée et la délégation a quatre ministres. C’est un sous-format, alors qu’il y avait beaucoup de dossiers bilatéraux a étudier », a confirmé une source algérienne, selon le Parisien, ayant dédié spécialement un article paru ce 09 avril 2021, a ce sujet-la.
Selon la même source, la visite de Jean Castex devait marquer une nouvelle étape dans le réchauffement bilatéral engagé par les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. Mais ce report illustre, une fois de plus, la relation toujours compliquée entre les deux pays. Pourtant, une amélioration avait été jugée possible avec la publication du rapport de Benjamin Stora sur la réconciliation des mémoires française et algérienne, marquées par la colonisation et la guerre.
L’historien recommande, notamment, une meilleure connaissance de cette histoire par la jeunesse issue de l’immigration algérienne. Qu’en pensent les intéressés ?
L’historien avait en effet, s’est appuyé sur quelques témoignages pour renforcer son avis.
« Salam aleykoum tout le monde, c’est DJ Kim », salue chaque matin l’animateur vedette de Beur FM. L’antenne emblématique de la prise de parole des jeunes de la diversité, née avec les radios libres de 1981 (« Radio Beur » a l’époque) a consacré une bonne place au rapport Stora, interviewant longuement son auteur et donnant la parole aux auditeurs. « On a eu tous types de réactions, certains exigeant que la France demande pardon a l’Algérie, d’autres plus modérés soulignant que des exactions ont été commises par les deux camps, témoigne DJ Kim. Mais il n’y avait pas d’expression de haine, chacun cherchait a être constructif. »
Les gestes symboliques de la France sont salués, comme la remise, en 2020, a l’Algérie de vingt-quatre crânes de résistants commandés par le cheikh Bouziane décapités au XIXe siècle, conservés jusque-la dans les collections du musée de l’Homme a Paris. « Le retour des crânes des chahid (NDLR : martyrs) pour être enfin inhumés, ça a beaucoup touché », confirme l’animateur.
La station commémore chaque année le 17 octobre 1961, date du massacre par la police française de manifestants pro-FLN a Paris, leurs corps jetés dans la Seine : « Nous avons régulièrement des appels d’élus municipaux de la région parisienne souhaitant baptiser de cette date une place ou une rue. »
Des non-dits «perturbants»
Spécialiste de musique raï, Kim, 48 ans, franco-algérien né a Nantes, se définit dans un sourire comme le « vrai petit beur », lui dont les parents algériens ont immigré dans les années 1960 pour devenir ouvriers a la Biscuiterie nantaise.
« L’histoire de l’Algérie, je l’ai apprise en allant en vacances, l’été. La-bas, la famille me racontait la guerre d’indépendance, alors qu’en France on parlait a l’époque des événements d’Algérie, se souvient-il. Ce non-dit était perturbant pour un ado, parce qu’une guerre implique des souffrances, on ne peut pas mettre sur le même pied le colonisateur et le colonisé, l’agresseur et la victime. »
Echourouk online, 10 avr 2021
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