Ces enfants qui survivent au conflit en RD Congo

Le photographe Hugh Kinsella Cunningham a voyagé dans la province du nord-est de l’Ituri, en République démocratique du Congo, avec Save the Children, pour documenter les histoires personnelles des enfants pris dans le conflit.

L’histoire récente de la République démocratique du Congo est marquée par la guerre civile et la corruption, qui ont fait des centaines de milliers de victimes, soit en raison des combats, soit à cause de la maladie et de la malnutrition.

La violence implique désormais une myriade de groupes armés qui défient les autorités et prennent souvent pour cible les civils.

Cunningham cherche à créer un sentiment d’espoir en utilisant la couleur dans ses portraits. Chaque sujet est photographié sans retouche numérique, à l’aide de fleurs et d’objets trouvés dans les camps de personnes déplacées, soigneusement placés devant l’objectif.

Tout a changé pour Véronique, 12 ans, lorsque des groupes armés ont attaqué son village, obligeant sa famille à fuir vers un camp voisin pour personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI).

« Lorsque nous étions encore dans notre village, nous menions une vie bonne et normale. Mes parents pouvaient travailler dans les champs et nous acheter des vêtements », raconte Véronique. « Mais depuis que je suis arrivée ici sur le site, tout est devenu problématique ».

« Je voulais continuer mes études, car j’étais en quatrième année, mais maintenant il n’y a plus moyen, à cause du manque de ressources. »

« Sur la route, j’ai vu des hommes armés tuer, égorger, tirer avec des armes et voler des vêtements », raconte Émilie, 15 ans.

Emilie et sa famille ont été poursuivies par des soldats armés jusqu’à une forêt voisine où elles ont réussi à se cacher. La famille vit désormais dans un camp accueillant des milliers de familles et d’enfants qui ont fui les violences.

« Ici, nous n’avons pas assez de nourriture pour manger », dit-elle. « Quand j’étais au village, je mangeais la nourriture provenant du champ, mais ici nous n’avons rien ».

David, 12 ans, était en cinquième année d’école lorsqu’il a fui sa maison à cause du conflit.

« Quand nous avons fui, nous avons vu des cadavres sur le sol, y compris des amis qui ont été tués », se souvient-il.

Bien que la vie soit plus sûre ici, il dort avec peu de protection contre les nuits froides, et aspire à la paix pour pouvoir rentrer chez lui.

L’accès à l’eau, la protection contre les éléments de la nature, la nutrition et l’hygiène de base sont autant de questions cruciales pour les personnes déplacées dans les camps. Les services de santé sont limités.

Un projet de Save the Children vise à assurer la santé, la nutrition et la protection. Un soutien psychologique est également apporté aux victimes de violences sexuelles et sexistes ainsi qu’aux enfants qui ont été séparés de leurs parents.

Même s’il est désormais à l’abri des violences, Joseph, 14 ans, vit avec le souvenir des atrocités dont il a été témoin en fuyant les groupes armés.

« C’est vrai que les assaillants sont venus dans notre village, et ont tué mes amis et d’autres enfants… Je pense à mes amis que j’ai laissés derrière moi au village. »

« Je ne suis pas encore bien installé ici, mais je dois rester ici pour la paix », dit Jonathan, qui a 13 ans.

« Le professeur [du camp] m’a inscrit à l’école et a apporté les cahiers et tous les uniformes. Je suis heureux d’étudier, au lieu de me reposer à la maison. C’est ce que je veux ».

« Je veux rester ici et je veux que ma vie change pour le mieux », ajoute-t-il.

Rachel, 17 ans, était en quatrième année d’école lorsque des groupes armés ont débarqué dans son village.

Se souvenant de la nuit où elle a fui sa maison, elle raconte : « j’ai vu des armes à feu, des armes blanches, des machettes, des flèches. Les assaillants ont tué tous ceux qu’ils cherchaient, ils ont brûlé les maisons du village.

« Avec la guerre, il n’y a que souffrance après souffrance… Je n’ai pas confiance en sa fin. Je veux la paix dans tout l’Ituri, c’est cette paix que nous cherchons, mais qui n’est jamais là. »

BBC, 12 avr 2021

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