RANGOON – Les manifestations contre le coup d’Etat militaire en Birmanie se sont poursuivies dimanche en dépit d’une sanglante répression de l’armée qui a fait plus de 700 morts depuis le 1er février, suscitant des condamnations internationales alors qu’un Sommet d’urgence des pays d’Asie du Sud-est prévu le 20 avril.
En début de journée, les contestataires continuaient à se réunir notamment à Mandalay et Meiktila (Centre) où des étudiants d’université et leurs enseignants ont défilé dans les rues dans la matinée. Certains portaient symboliquement des tiges de fleurs d’eugenia, dites « de la victoire », rapportent les médias.
Dans la banlieue d’Okkalapa Sud près de Rangoun, des protestataires brandissaient une banderole affirmant « nous remporterons la victoire, nous gagnerons ».
La répression des manifestations a fait 701 morts depuis que l’armée a chassé du pouvoir la dirigeante civile Aung San Suu Kyi, selon le décompte de l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), tandis que la junte faisait état de 248 morts.
Des dizaines de milliers de preuves de violations des droits humains – perpétrées par l’armée depuis le putsch en Birmanie – ont été rassemblées, a affirmé mercredi un groupe de députés déchus du parti d’Aung San Suu Kyi qui va transmettre ces éléments à des enquêteurs des Nations unies.
« Exécutions extrajudiciaires, tortures, détentions illégales: notre comité a reçu 180.000 éléments (…) montrant des violations à grande échelle des droits humains par les militaires », a affirmé un groupe de résistance baptisé CRPH (Comité pour représenter le Pyidaungsu Hluttaw, l’organe législatif birman), qui regroupe aussi, des députés déchus de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi.
A la suite du coup d’Etat, des manifestations populaires ont eu lieu dans tout le pays contre les putschistes et l’administration militaire a annoncé l’instauration de la « loi martiale » dans sept régions des villes de Yangon et de Mandalay. La crise politique continue de frapper durement en Birmanie et la mobilisation « pro-démocratie » ne faiblit pas. Un appel circulait dans tout le pays pour manifester dimanche après le coucher du soleil à la lumière de torches.
Sommet d’urgence des pays d’Asie du Sud-est le 20 avril
La communauté internationale et les Nations Unies ont fait part de leur préoccupation quant aux « violences meurtrières », et la répression militaire ciblant des manifestants civils, fermement condamnées aussi par le Conseil de sécurité de l’ONU.
A cet effet, un Sommet d’urgence des pays d’Asie du sud-est consacré à la Birmanie est prévu le 20 avril, a-t-on annoncé lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU vendredi. Les diplomates s’attendent à ce que cette réunion internationale soit organisée à Jakarta.
Washington, de son côté, a exhorté le Conseil de sécurité à agir « rapidement’ et à « faire monter la pression sur la junte militaire afin de sauver la vie des Birmans ».
Toutefois, la junte birmane a affirmé vendredi refuser de rencontrer l’émissaire de l’ONU pour la Birmanie, en tournée diplomatique en Asie.
« L’armée a ignoré nos condamnations, défiant le Conseil de sécurité », a regretté l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d’une réunion de l’instance onusienne, soulignant que les militaires « doivent faire face aux conséquences de leurs terribles actions ». La « stabilité et la prospérité de la région dépendent d’une action rapide » du Conseil de sécurité, a assuré Mme Thomas-Greenfield.
L’Estonie, membre non-permanent du Conseil de sécurité, s’est prononcé en faveur de la rédaction d’une résolution qui inclurait des sanctions contre la Birmanie, notamment un embargo international sur les armes. « Le Conseil de sécurité des Nations unies est la seule instance dans le monde qui a le pouvoir légitime de protéger les pays en danger et il doit considérer tous les outils dont il dispose pour mettre un terme à cette situation atroce », a fait savoir l’ambassadeur de l’Estonie, Sven Jurgenson.
Jeudi, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a annoncé que l’émissaire de l’Organisation pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, « est attendue ces jours-ci » en Thaïlande dans le cadre d’une tournée en Asie qui devrait la conduire aussi en Chine. Elle « débutera sa tournée par Bangkok où elle rencontrera les autorités, les responsables onusiens de la région et des ambassadeurs accrédités en Birmanie ».
« Le régime militaire continue de lui refuser un feu vert pour l’accueillir comme elle le réclame depuis le coup d’Etat du 1er février », a-t-il indiqué, assurant qu’elle est « évidemment prête à reprendre le dialogue avec les militaires pour contribuer à un retour de la Birmanie sur le chemin démocratique, de la paix et de la stabilité ». APS
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