Sans surprise, le parti indépendantiste FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) a demandé jeudi à l’État français d’organiser un troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Prévue par l’accord de Nouméa, cette consultation devrait se tenir en septembre 2022.
Les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) ont demandé à l’État, jeudi 8 avril, l’organisation du troisième et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie prévu par l’accord de Nouméa (1998), qui organise la décolonisation progressive du « Caillou ».
Le Bureau politique de la coalition indépendantiste a acté jeudi « une démarche unitaire » consistant en l’envoi au haut-commissaire de la République d’un seul courrier, signé des deux groupes FLNKS au Congrès, l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) et l’Union calédonienne (UC), a indiqué à l’AFP Victor Tutugoro, membre de ce bureau.
Ceux-ci, auxquels s’est jointe une élue d’un parti séparatiste minoritaire, représentent 26 élus sur 54.
Depuis la date du 4 avril, soit six mois après le précédent scrutin du 4 octobre 2020, un minimum d’un tiers des élus du Congrès peut demander la tenue du troisième et dernier référendum inscrit dans l’accord de Nouméa.
Consensus pour septembre 2022
Alors que des divergences opposaient l’UNI et l’UC sur la date du troisième référendum, un consensus a par ailleurs été trouvé pour qu’il ait lieu en fin de période « en septembre 2022 », a-t-on indiqué de même source.
Redoutant une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2022, l’UNI préconisait une organisation du scrutin dès 2021, mais les contextes politique et sanitaire ont remis en cause cette option.
L’État dispose d’un délai de 18 mois pour organiser la consultation, qui interviendra après celle du 4 novembre 2018 remportée avec 56,7 % des voix par les partisans du maintien dans la France et celle du 4 octobre 2020, que ces derniers ont également gagnée mais avec un score plus étroit de 53,3 %.
L’accord de Nouméa prévoit la même question que lors des deux précédents scrutins : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? », ce qui suscite des réticences côté loyaliste.
« Nous ne souhaitons pas une troisième consultation qui divise, mais une solution d’avenir pour les Calédoniens », a déclaré à la télévision Caledonia Virginie Ruffenach, cheffe du groupe Avenir en confiance (AEC) au Congrès.
L’élue a en outre souhaité que ce référendum « imposé » par les indépendantistes « se passe le plus rapidement possible ».
Session de travail à Paris fin mai
Le Premier ministre, Jean Castex, a invité les dirigeants calédoniens à Paris du 25 mai au 3 juin prochains « pour une session d’échanges et de travail » afin de préparer l’après-accord de Nouméa.
« On se doit d’envisager le oui et le non. (…) Les Calédoniennes et les Calédoniens ont le droit de savoir pour quoi ils votent », a déclaré jeudi Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, dans une interview conjointe au Monde et au quotidien local, Les Nouvelles-Calédoniennes.
« Nous avons fait travailler les services de l’État sur les implications en matière monétaire, bancaire, sur le nickel, sur le lien avec la République, les questions de citoyenneté, les questions régaliennes… Tous ces documents seront communiqués et pourront être consultés par les différents acteurs », a ajouté Sébastien Lecornu.
Depuis le 17 février, les membres du gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie tentent d’élire un président, sans succès en raison de dissensions entre les indépendantistes, qui disposent de la majorité au sein de l’exécutif pour la première fois depuis le début de l’accord de Nouméa.
Le scrutin voit s’opposer les deux courants du FLNKS : l’Union calédonienne a présenté Samuel Hnépeune, jusqu’alors président du Medef, et l’Union nationale pour l’indépendance a proposé Louis Mapou, actuel chef du groupe UNI-FLNKS au Congrès.
Avec AFP
France24, 8 avr 2021
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