Maroc-Algérie : La politique fumeuse du royaume

Depuis que le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a appelé Antonio Guterres à accélérer la nomination d’un représentant personnel au Sahara occidental, en vue d’une reprise rapide des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, la donne a complètement changé, dans la région maghrébine. La réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, au Kenya, aura beaucoup contribué à clarifier la question. L’UA a, sans détour, exigé un retour immédiat à la table des négociations pour affranchir le continent de la dernière colonie.

A cet effet, le CPS a décidé la réouverture du bureau de l’UA dans le territoire sahraoui, illégalement occupé. Conjugués aux déclarations de l’Allemagne qui ont fait réagir, maladroitement, la diplomatie marocaine, habituée au chantage et à la menace d’un flux migratoire soutenu, ces évènements s’expliquent par le retour en force de la diplomatie algérienne, ces derniers mois.

Le MAE Sabri Boukadoum a visité de nombreuses capitales, en Afrique, les unes alliés et amies, d’autres plutôt proches de Rabat, mais le fait est que les principes de l’UA y ont été rappelés et que la volonté du CPS d’agir, selon le droit international, pour sortir l’ONU de sa torpeur, a été démontrée. A tel point que le Kenya, pays hôte, n’a pas manqué de révéler, au grand jour, les tentatives désespérées du Makhzen pour faire avorter la réunion ou, sinon, la faire déraper.

Ainsi, la question du Sahara occidental voit-elle s’ouvrir une nouvelle page, au lendemain de l’attaque marocaine à El Guerguerat contre des civils sahraouis, manifestant pacifiquement contre l’atteinte flagrante à l’accord de cessez-le-feu de 1991. Or, ni cette agression ni les violations multiples des droits de l’homme, dans le territoire sahraoui, n’ont suscité la moindre réaction des Nations unies et de leur instance, à Genève, où les pays qui portent la politique du royaume marocain veillent à étouffer les alertes.

Persuadé que la décision immorale de l’ancien président américain, pour qui tout est à vendre, allait parachever son fait accompli, le royaume marocain, aux abois du fait de sa mise à l’index pour ses exportations massives de drogue, n’a pas digéré la montée en puissance de la diplomatie algérienne dont la riposte a été à la mesure des enjeux qui menacent la sécurité de la région. En témoigne le discours de Boukadoum à Madrid où il a mis les dirigeants espagnols face à leur «responsabilité historique, à l’égard du peuple sahraoui».

Ainsi, la question du Sahara occidental retrouve-t-elle sa juste dimension et sa pleine vérité, en droite ligne du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’Expression, 11 avr 2021

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