Le mois de la piété et de la surconsommation commence dans quelques jours. Cela peut paraître contradictoire d’associer la «piété» et la «surconsommation», mais c’est un problème qu’aucun Algérien ne peut résoudre. Les citoyens parlent de ce mois pour sa piété et lorsqu’ils sont dedans, c’est la consommation qui prend le dessus. Mais ce n’est pas faute d’essayer de s’attacher à l’aspect spirituel du Ramadhan.
D’ailleurs, tous les imams reviennent cycliquement sur cette question en rappelant les vertus cultuelles du mois sacré et relevant, dans le même temps, les velléités boulimiques des Algériens en cette période de l’année. Il faut reconnaître, cependant, que le discours des religieux, très largement relayé par les médias et «radio trottoir», n’a pas de prise sur le comportement des Algériens qui vident les étales des marchands avant l’adhan, s’offrent des tables plus que copieuses à l’Iftar et n’oublient jamais d’investir massivement les mosquées, dans le cadre de la dimension spirituelle du Ramadhan. L’année dernière, ce n’était pas possible de réaliser la dimension culturelle, puisque les mosquées étaient fermées, pour cause de Covid-19. De même que les veillées, qui dans les cafés, qui dans des salles de spectacles à apprécier des récitals musicaux étaient proscrites. C’est pour dire que le Ramadhan 2020, les Algériens n’avaient fait que jeûner et manger.
Tout le monde espère en avoir fini avec ces restrictions pour 2021. il y a une réelle volonté de renouer avec les aspects festifs, spirituels consuméristes du mois sacré. Le triptyque est essentiel pour réussir un bon Ramadhan. C’est dire que la société a toujours considéré le mois sacré comme l’occasion annuelle d’associer la spiritualité, à la joie de vivre. Car disons-le clairement, pour les Algériens, le Ramadhan est d’abord l’expression de leur joie de vivre. Et c’est la vraie dimension qu’il faille retenir de ce rendez-vous que chaque citoyen a avec Dieu, mais aussi avec ses congénères.
En réalité, le Ramadhan en Algérie est une expérience renouvelée d’un savoir-vivre et d’une leçon de tolérance et de solidarité. Les extrémistes de tous bords, qui sont tentés de dévoyer le sens profond que lui donnent les Algériens, ont eu en retour, une écoute polie, mais finale, chaque année, les Algériens finissent systématiquement par faire confiance à la sagesse de leurs ancêtres.
Le Ramadhan 2021, espérons-le, ne dérogera pas à cette tradition et sera plus spirituelle et plus festif que le précédent.
Nabil G.
Ouest Tribune, 11 avr 2021
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