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Algérie : La conscience avant la loi

par Abdelkrim Zerzouri


La relance de l’économie est-elle possible dans un environnement qui se prête encore à la pratique de la corruption ? Les autorités, bien conscientes des difficultés rencontrées en matière de lutte contre la corruption, élevée au rang d’une culture enracinée dans la société, s’attellent à renforcer l’arsenal juridique relatif à la maturation des marchés publics par des dispositions «simples, claires, transparentes et favorables au travail sérieux, en vue de barrer la route à toute manipulation de deniers publics», comme l’a relevé le ministre de la Justice, à l’ouverture des travaux du colloque sur la «problématique de maturation des projets et leur impact sur les litiges des marchés publics», organisé récemment à l’Ecole supérieure de la Magistrature de Koléa. La corruption a gangrené, ces dernières années, tous les rouages de la vie sociale, mais en ciblant les marchés publics on met le doigt sur la partie qui porte le plus grave préjudice aux deniers publics et à l’économie nationale.

Destinés à favoriser le développement et la prospérité économique, les marchés publics, avec les achats publics de biens et de services, qui requièrent l’engagement de moyens financiers énormes, ont fait le lit douillet de la corruption. Dans ce cadre, ne serait-on pas mieux avisé si on étudiait les cas de corruption actuellement devant les tribunaux, des cas d’école en matière de connivence politique et corruption, et comprendre les mécanismes adoptés, sur ce plan, afin de mettre en place de nouveaux outils pour casser les chaînes du mal ? Le prochain Parlement aura la lourde responsabilité d’élaborer une nouvelle législation en matière de règles relatives aux marchés publics, en s’inspirant de pareilles études à fonder par les experts. De toute évidence, toute la réglementation relative aux marchés publics, actuellement en vigueur, devrait être revue de fond en comble. Et encore, si on arriverait à l’éradiquer sans la participation des responsables loyaux envers le pays, faisant dire au ministre de la Justice qu’il y a nécessité de développer des mécanismes d’aide à la concrétisation des objectifs escomptés, à travers plusieurs mesures, notamment en confiant, à des cadres intègres et de hautes compétences, les missions d’étude et de maturation des programmes.

Car l’expérience a montré que les règlements supposés remédier à la corruption sont manipulables à souhaits et souvent retournés à l’avantage des corrompus, des corrupteurs et des liens d’attaches ou réseaux entre eux. Il est, ainsi, impératif de combler les lacunes du passé et d’anticiper les manœuvres et délits indissociables de la corruption, à l’enseigne des infractions comptables, de la fraude fiscale et l’extorsion de fonds. Mais, pour une efficacité optimale de la lutte contre la corruption, rien ne vaut d’engager les consciences de toutes les composantes de la société, pas seulement les devis des spécialistes et des législateurs.

Le Quotidien d’Oran, 11 avr 2021

Etiquettes : Algérie, corruption, malversation, détournement, deniers publics,

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