Un nouveau départ pour la mosquée de Paris fermée après le meurtre d’un enseignant

Une mosquée parisienne devenue un point central de la polémique sur la place de l’islam en France a rouvert vendredi après une fermeture de six mois suite à une répression des radicaux islamistes provoquée par la décapitation d’un enseignant en octobre dernier.
Quelque 200 fidèles sont revenus pour la prière du vendredi à la mosquée d’une capacité de 1300 personnes à Pantin, dans la banlieue nord de Paris, a déclaré un correspondant de l’AFP.

Samuel Paty, 47 ans, a été agressé alors qu’il rentrait chez lui d’un lycée au nord-ouest de la capitale où il enseignait l’histoire et la géographie, après avoir montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet.

La police française a lancé une série de raids contre les réseaux islamistes principalement dans la région parisienne après le meurtre horrible de Paty et a ordonné la fermeture de la mosquée Pantin, qui compte quelque 1500 fidèles.

La mosquée de la banlieue densément peuplée de Seine-Saint-Denis au nord-est de Paris avait partagé une vidéo sur sa page Facebook, quelques jours avant la mort de Paty, dénonçant le choix du matériel par l’enseignant pour une discussion en classe sur la liberté d’expression.

Une campagne en ligne féroce contre Paty et l’école a précédé le meurtre, menée par le père d’une écolière qui a accusé l’enseignant de diffuser de la «pornographie» pour avoir montré un dessin animé du prophète nu.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a conditionné la réouverture de la mosquée au départ du directeur et de l’imam.

L’Imam, formé au Yémen et soupçonné d’être proche d’un mouvement islamiste radical, a rapidement démissionné suite au meurtre de Paty.

Après avoir initialement refusé de démissionner, le directeur M’hammed Henniche a fini par accepter qu’un projet de construction d’un million d’euros destiné à remplacer la mosquée actuelle puisse aller de l’avant.

Henniche – un entrepreneur de 50 ans qui a côtoyé des personnalités politiques de premier plan, dont l’ancien président français Nicolas Sarkozy – a qualifié le partage de la vidéo de «gaffe» et s’est excusé.

Il n’a fait l’objet d’aucune procédure judiciaire.

«C’est une injustice réparée, il n’y a que de la joie», a déclaré à l’AFP Ismael Touré, volontaire à la mosquée.

«La fermeture de notre mosquée était juste pour donner un exemple. Sinon, qu’est-ce que la mosquée Pantin avait à voir avec le meurtre de l’enseignant? Il a demandé.

Le parlement français examine un projet de loi pour lutter contre l’extrémisme islamiste, qui comprend des motifs de plus en plus nombreux pour la fermeture des lieux de culte. Début mars, Darmanin a déclaré que 89 mosquées devaient être inspectées.

«C’est une bonne chose que la mosquée puisse rouvrir. Le réalisateur a commis une erreur inexcusable en partageant cette vidéo. Mais punir tous les fidèles était injuste », a déclaré le maire socialiste local Bertrand Kern.

The Local, 9 avr 2021

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