Béziers. Attentat déjoué : le signalement est venu du Maroc, l’apprentie terroriste écrouée

L’apprentie terroriste de Béziers âgée de 18 ans a été écrouée jeudi, sa mère et ses soeurs mises hors de cause. Le précieux signalement est venu de la DGST marocaine.

Par Jean-Marc Aubert

Le pire a bien été évité le week-end de Pâques dans l’Hérault, avec l’arrestation d’une mère et de ses quatre filles -dont une de 14 ans-, après un signalement venu des agents de la direction générale de la surveillance du territoire -DGST- du Maroc, l’équivalent de notre DST, et traité en urgence par la DGSE -Direction générale du Renseignement extérieur- et par la Direction générale de la Sécurité intérieure -DGSI-, avec des services de police judiciaire. Une opération réalisée samedi dernier en soirée avec l’appui du RAID de Montpellier.

Deux églises

C’est une des soeurs âgée de 18 ans qui était ciblée, après que les agents marocains ont informé leurs homologues français le jeudi 1er avril d’une réelle menace terroriste qui pesait, avec une mise à exécution sans doute le lundi pascal dans une ou deux églises remplies de fidèles pendant la messe, à Montpellier et à Béziers, grâce à l’activation à distance d’un système confectionné avec des explosifs. Sa mère et ses trois soeurs ont été interpellées parce qu’elles se trouvaient dans l’appartement familial de la cité de la Devèze, à Béziers. Elles ignoraient l’existence de ce projet étant privées d’accès à la chambre du logement, selon leurs dires. Depuis, elles ont été mises hors de cause et libérées sans poursuite.

Pour confectionner du TATP

Lors de la perquisition dans la chambre de 40 m2 de la jeune femme très encombrée et digne d’un petit laboratoire, dans l’appartement familial, les policiers ont saisi de nombreuses bouteilles de produits chimiques pouvant servir à confectionner des explosifs -acétone, acide sulfurique, eau oxygénée- pour fabriquer du TATP, un redoutable explosif utilisé par les terroristes islamistes, ainsi que deux dispositifs d’engins explosifs en cours d’assemblage, avec notamment l’utilisation d’un téléphone portable. La jeune femme aurait fini de mettre au point son arsenal artisanal d’apprentie terroriste dans la nuit, puis le dimanche, pour passer à l’action le lundi, estiment les enquêteurs en analysant les indices matériels récupérés sur place.

Décapitation de Samuel Paty
Dans la chambre se trouvaient également une photographie imprimée de la décapitation de Samuel Paty -cet enseignant assassiné par des terroristes islamistes le 16 octobre dernier à Conflans-Sainte-Honorine-, des clichés de djihadistes armés et un carnet à spirales contenant notamment une recette manuscrite de fabrication d’explosifs diffusée sur des sites internet, des notes évoquant d’autres projets d’actions violentes que celles projetées dans les deux églises de l’Hérault, des documents vantant le groupe islamique Daesh et des symboles du nazisme. Dans ses deux téléphones portables, les policiers ont découvert les schémas d’une église de Béziers.

Un sabre pour mutiler

Selon nos informations, un sabre retrouvé dans sa chambre était destiné à mutiler, voire décapiter les fidèles encore vivants dans les églises, après les attentats déclenchés à proximité immédiate avec ses téléphones mobiles. Durant ses 96 heures de garde à vue au siège de la DGSI à Levallois-Perret, près de Paris, la Biterroise n’aurait pas désigné les deux lieux de culte visés, niant même un tel projet.

Jeudi soir, elle a été mise en examen par un juge d’instruction antiterroriste du tribunal judiciaire de Paris pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle, détention de substances ou produits incendiaires, explosifs ou d’éléments destinés à composer un engin incendiaire ou explosif pour préparer une destruction, dégradation ou atteinte aux personnes, en relation avec une entreprise terroriste». Elle a été écrouée.

Coopération internationale

Le « tuyau » salvateur émanant de la DGST du Maroc pour mettre hors d’état de nuit cette apprentie terroriste intervient dans le cadre du partage des informations avec les services français, dans le cadre de l’adhésion de ce pays aux mécanismes de coopération internationale de lutte contre les organisations terroristes, de consécration de la paix et de la stabilité dans le monde. « Cette démarche s’inscrit dans la lignée de celle qui est de plus en plus opérationnelle au sujet du trafic de drogue. Alors que les autorités du Maroc ont longtemps fermé les yeux sur l’importation massive de cannabis en France, via l’Espagne, en raison de cultures illégales sur le plateau du Rif, les services collaborent activement désormais avec les policiers et les gendarmes français pour tenter de démanteler des réseaux organisés, via notamment l’échange de renseignements », révèle un observateur à Métropolitain. Dans de récentes enquêtes et de procédures judiciaires de filières importantes de stupéfiants, les autorités marocaines ont ainsi livré des éléments capitaux, notamment sur les dates de retour dans l’Hérault et le Gard de trafiquants qui s’étaient mis au vert, permettant leur arrestation.

Actu.fr, 9 avr 2021

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