Algérie-France : «Le passif nucléaire français au Sahara s’invite dans la relation franco­-algérienne»

Dans un article intitulé «Le passif nucléaire français au Sahara s’invite dans la relation franco-algérienne», Le Monde évoque la visite à Alger, jeudi 8 avril, du chef d’état-major des armées françaises François Lecointre. «Il était censé préparer, sur le terrain de la coopération militaire, le grand rendez-vous politique qui s’annonçait avec la visite dans la capitale algérienne, dimanche», ajoute la même source.

Citant l’APS, Le Monde relève que «le chef d’état-major de l’armée algérienne, Saïd Chanegriha, a mis en exergue les ‘‘énormes efforts’’ consentis par l’Algérie ‘‘en vue de concrétiser la stabilité dans les pays de l’espace méditerranéen’’, à travers ‘‘l’adaptation des dispositifs militaires tout au long des frontières’’». «L’Algérie a des potentialités réelles en matière opérationnelle et en matière d’interopérabilité, en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la sécurité maritime», confirme une source militaire française.

Le Monde rappelle qu’outre leur coopération bilatérale en matière de lutte antiterroriste, les militaires français et algériens sont associés au sein du forum de coopération dit «5+5 Défense», réunissant des représentants de cinq pays de la rive sud de la Méditerranée (Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie) et cinq de la rive nord (France, Italie, Malte, Portugal et Espagne), autour des thématiques du terrorisme, des flux migratoires et des trafics criminels. «Le débat autour d’un rôle accru de l’Algérie, notamment au Sahel, a gagné en acuité depuis l’adoption, en novembre 2020, d’un amendement constitutionnel autorisant – tout en l’encadrant – une projection sur des théâtres militaires extérieurs», indique le journal français. Non sans souligner que «la nouveauté de la rencontre, à Alger, des chefs des armées algérienne et française tient toutefois dans la montée en puissance dans l’agenda bilatéral de la thématique d’une ‘‘réhabilitation’’ des anciens sites nucléaires».

«Le général Chanegriha a demandé que Paris fournisse les ‘‘cartes topographiques permettant la localisation des zones d’enfouissement des déchets contaminés, radioactifs ou chimiques’’ et participe à ‘‘la prise en charge définitive des opérations de réhabilitation des sites’’» (El Watan de jeudi 8 avril, ndlr).

Les quatre «priorités» d’ICAN France

Le CIHN, institué le 20 décembre 2012 lors de la Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre l’Algérie et la France, comporte un volet «Dimension humaine» qui englobe les essais nucléaires et leurs conséquences. «Nous constatons malheureusement que ce sujet bilatéral n’a pas fait l’objet d’une véritable attention politique notamment de la part des autorités politiques françaises», relève dans un communiqué transmis à notre bureau de Paris ICAN France (Campagne internationale contre les armes nucléaires), qui soutient que l’assistance humanitaire et la remise en état des sites des essais nucléaires français doivent être un engagement fort du Comité intergouvernemental de haut niveau. «Notre Campagne attend un engagement fort en faveur des victimes et de la remise en état de l’environnement, notamment suite à nos révélations sur la politique volontaire d’enfouissement de ces déchets», souligne ICAN France.

Et qui recommande quatre «priorités» : «Faciliter, pour les populations algériennes, le dépôt de dossier de demandes d’indemnisation et notamment l’accès aux archives médicales détenues par le Service des archives médicales hospitalières des armées» ; «Remettre aux autorités algériennes la liste complète des emplacements où ont été enfouis les déchets avec leur localisation précise (latitude et longitude), un descriptif des matériels enterrés» ; «Publier les données relatives aux zones contaminées par des scories et laves radioactives et étudier avec les autorités algériennes les modalités d’un nettoyage de ces zones» ; «Remettre aux autorités algériennes les plans des installations souterraines du CEA sous la base militaire de Reggane plateau, ainsi que ceux des différentes galeries creusées dans la montagne du Tan Afella».

El Watan, 10 avr 2021

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