Baptisée «Le vendredi de l’union», la 112e marche du Hirak a connu, ce vendredi à Alger, une grande mobilisation de militants qui croient à un lendemain meilleur pour l’Algérie et dont les principales revendications sont « la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et la liberté de la presse».
Convaincus que la lutte pacifique demeure l’unique moyen d’«imposer un changement radical et d’instaurer un Etat de droit», des milliers de manifestants ont battu le pavé dans la capitale, quadrillée par les forces de l’ordre et des troupes antiémeute.
Depuis la matinée, toutes les artères de la capitale étaient sous haute surveillance. Des barrages de contrôle de la gendarmerie et de la police nationale étaient placés dans des points stratégiques de la ville, engendrant ainsi des bouchons dans toutes les entrées de la capitale, surtout au niveau de Baba-Ali et des Bananiers.
Au centre-ville, les points de ralliement et les rues d’où passent habituellement les hirakistes étaient surveillés de près. Et l’esplanade de la Grande Poste, lieu mythique de rassemblement des marches hebdomadaires depuis leur déclenchement le 22 février 2019, est toujours interdite aux manifestants.
Idem pour le tunnel des facultés et celui de la rue Hassiba-Ben Bouali, devenus lieux emblématiques du soulèvement populaire inédit, qui a conduit le 2 avril 2019 à la chute du président Abdelaziz Bouteflika, alors au pouvoir depuis deux décennies et candidat à un cinquième mandat.
Vers 14 h, des milliers de hirakistes, arrivés de la mosquée Errahma, où un dispositif sécuritaire important était déployé, et du 1er-Mai via la rue Hassiba-Ben Bouali, étaient déjà rassemblés sur la rue Didouche-Mourad, scandant «Le peuple veut un changement radical» et «Le peuple veut un Etat de droit».
Devant la Fac centrale, les drapeaux algériens flottaient au-dessus de la foule rassemblée, comme chaque vendredi, pour réclamer «un profond changement du système politique en place», abolir la corruption et exiger plus de libertés.
Depuis le début du mouvement populaire en 2019, mis en veille presque une année durant en raison de la crise sanitaire mondiale due à la pandémie de la Covid-19, les revendications du peuple sont les mêmes, affirme au Jeune Indépendant Nacer Hamitoche, activiste politique et fervent hirakiste.
«Le Hirak a toujours maintenu sa boussole vers un même objectif : réaliser un réel et profond changement pour bâtir une Algérie de droit et de justice», estime Nacer, ajoutant que le rêve de la jeunesse algérienne est de «vivre dans une vraie démocratie, dans un Etat de droit, où elle serait capable d’ajouter sa pierre à l’édifice».
Quant à Amine, ingénieur en mécanique, au chômage depuis deux ans, il estime que «le pouvoir en place a failli à sa mission de relancer le pays».
Ce jeune hirakiste, et en dépit de ses conditions sociales très difficiles, affirme que les intérêts de l’Algérie passent avant les siens et que le problème dépasse les revendications sociales. «Quand le pays est en danger, on doit s’effacer et ne faire valoir que l’intérêt national», juge-t-il.
La liberté de la presse et la visite reportée du Premier ministre français à Alger ont eu la part du lion dans les messages affichés par les protestataires : «Libérez les médias, le pays avancera», «Partout où la France est présente, la ruine domine», pouvait-on lire sur plusieurs pancartes.
Le mouvement de protestation populaire a réussi à maintenir son caractère pacifique et rassembler chaque semaine de plus en plus de partisans.
Le Jeune Indépendant, 9 avr 2021
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