La jeune femme de 18 ans avait été interpellée durant le week-end de Pâques à la suite de renseignements faisant état d’une menace d’attentat contre une église.
Après plusieurs jours de garde à vue, et une perquisition à son domicile ayant permis de mettre au jour des éléments de radicalisation, la jeune femme de 18 ans arrêtée le 3 avril Béziers, dans le cadre d’une enquête pour « association de malfaiteurs terroriste », a été mise en examen et incarcérée jeudi 8 avril.
Présentée jeudi à un juge antiterroriste parisien, elle a été mise en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « détention de produits incendiaires ou explosifs » en relation avec une entreprise terroriste, selon une source judiciaire. Elle a été placée en détention provisoire, conformément aux réquisitions du Parquet national antiterroriste (PNAT).
La jeune femme, « déscolarisée depuis deux ans » et « jamais condamnée », était pourtant inconnue des services, jusqu’à un renseignement très récent « faisant état d’une menace d’attentat contre une église » à l’occasion du week-end de Pâques, selon un communiqué du PNAT.
Une photographie de la décapitation de Samuel Paty
A la suite de ce renseignement, une perquisition avait été réalisée au domicile de la jeune femme, à Béziers, dans la nuit du 3 au 4 avril, par Ies fonctionnaires de la direction générale de la sécurité intérieure, assistés du RAID. Sur place, les enquêteurs n’ont trouvé aucun engin explosif constitué, mais ils ont découvert plusieurs éléments suspects.
Dans sa chambre se trouvaient « plusieurs bouteilles de produits susceptibles d’entrer dans la composition d’explosifs : acétone, acide sulfurique, eau oxygénée (…) deux dispositifs susceptibles de constituer des engins explosifs improvisés en cours d’assemblage (…) une photographie imprimée de la décapitation de Samuel Paty », ainsi que d’autres photos « représentant des djihadistes armés ».
« Elle voulait s’en prendre à des églises, dont une près de son domicile, et a parlé d’autres cibles, notamment un collège », affirme une source proche du dossier, tandis que le renseignement initial évoquait des églises de Montpellier. Selon le PNAT, un schéma d’une église de son quartier a été saisi chez elle.
La jeune femme, issue d’un « milieu très précaire, désocialisé » est « très déprimée, suicidaire, mais en même temps dans une volonté de haine, de vengeance contre la République et ses institutions », ajoute la source proche du dossier. « Elle parle beaucoup de l’Etat d’Israël et des églises. »
Une recette de fabrication d’explosifs
Les enquêteurs se sont aussi intéressés à un carnet à spirale contenant « une recette de fabrication d’explosifs », des « notes manuscrites évoquant divers projets d’action violente » ou faisant référence a l’Etat islamique et au nazisme. Des images de propagande djihadiste ont également été trouvées dans son téléphone.
Le 3 avril, la mère et les trois sœurs de la jeune femme, dont une mineure, avaient également été interpellées, mais leur garde à vue a été levée mercredi sans poursuite, aucun élément de radicalisation n’ayant été découvert à leur encontre, selon le PNAT.
Les services marocains ont revendiqué mardi la paternité de l’information de départ, expliquant dans un communiqué avoir transmis le 1er avril à leurs homologues français « des informations précises sur une citoyenne française d’origine marocaine qui planifiait une opération terroriste imminente visant une église en France », « en coordination avec des éléments de Daech », l’organisation Etat islamique.
Sans confirmer cette information, une source proche de l’enquête a rappelé à l’Agence France-Presse la « coopération particulièrement dense et très confiante » avec le Maroc, « particulièrement réactif dès qu’une information est susceptible de concerner la sécurité du territoire français ».
Le Monde, 8 avr 2021
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