Longtemps considéré comme un pays de transit pour les immigrés d’Afrique sub-saharienne désireux de rejoindre l’Europe, le Maroc se transforme peu à peu en pays d’accueil des étrangers qui viennent y tenter leur chance.
Il y a ceux qui veulent traverser le pays coûte que coûte pour atteindre les côtes espagnoles, ceux qui décident de rester par défaut ou par dépit et enfin ceux qui, dès le départ, avaient choisi le Maroc comme pays de destination. La présence ou le passage de migrants venus du Sud du Sahara est ancienne au Royaume. Mais si le pays a longtemps été considéré comme une étape, un point de parcours, des routes migratoires qui relient l’Afrique à l’Europe, une autre réalité se dessine peu à peu : celle de projet d’installation durable.
Originaires d’Afrique mais aussi d’Europe ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix du Maroc pour étudier, travailler, fonder une famille ou encore passer leur retraite. En 2013, les autorités mettaient en place une campagne massive régularisation des étrangers, s’affirmant alors, de façon inédite, comme un pays d’immigration. Toutefois les conditions d’accès à un titre de séjour restent compliquées et les bénéficiaires des campagnes peinent à renouveler leurs statuts.
Le pays est aussi sous la pression de l’Union Européenne qui le contraint à une politique de répression de l’immigration clandestine, qui ne s’embarrasse pas toujours de connaitre les projets des arrivants.
Comment le Maroc gère-t-il cette nouvelle donne migratoire sur son territoire ? L’immigration venant d’Afrique sub-saharienne est-elle perçue comme une opportunité ou comme une menace ? Quelles perspectives d’intégration pour les étrangers au Maroc ?
Seconde partie – la focus du jour
En Tunisie, une décennie de renouveau de la question migratoire
Depuis 2011, la Tunisie fait face à un afflux de migrants Libyens qui fuient leur pays, mais surtout à d’importantes arrivées d’Africains subsahariens.
Leur présence ravive les débats sur le racisme dans le pays. Parmi ces étrangers, tous ne sont pas sur la route de l’Europe, certains souhaitant réellement s’installer. Mais les autorités, tout à leur coopération avec Bruxelles, se contentent d’une approche pénale des migrations irrégulières. Une situation dénoncée par la société civile née de la Révolution tunisienne, qui s’est activement emparée de la question.
Avec Camille Cassarini, doctorant en géographie à Aix-Marseille Université et à l’Institut de recherche pour le développement.
Une émission préparée par Margaux Leridon.
Références sonores
-Deux témoignages de migrants sub-sahariens qui affirment que le Maroc n’est qu’un passage obligé où il n’est nullement question de s’installer. (France 24, 1er avril 2014)
-Témoignage d’Aissatou Barry, présidente de l’association « Points solidaires » qui, après avoir fui la Guinée puis la Côte d’Ivoire, s’est finalement installée au Maroc. (TV5 Monde, 15 avril 2017)
-Témoignage d’un migrant sub-saharien expliquant qu’afin de se conformer aux engagements négociés avec l’Union européenne, le Maroc fait désormais la chasse aux migrants dans des villes comme Tanger. (France Info, 19 septembre 2018)
Témoignage d’un migrant camerounais vivant dans une forêt près de Tanger et expliquant également la cible de transferts forcés. (AFP, 06 septembre 2018)
-Témoignages de retraités français qui ont choisi de s’installer au Maroc, près de Bouznika. (Medi TV, 04 mai 2016)
Témoignages de trois Ivoiriens en Tunisie qui décrivent le racisme qui y sévit à leur égard. (TV5 Monde, 26 décembre 2018 Arte, 08 juin 2020)
Références musicales
« Plus in Tacet » de Pantha du Prince (Label : BMG)
« Ha » de la chanteuse marocain Oum (Label : LOF Music)
France Culture, 8 avr 2021
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