Droits de l’Homme au Maroc: Amnesty international dresse un bilan sombre

LONDRES – Les autorités marocaines continuent de restreindre la liberté d’expression au Maroc en procédant à de multiples arrestations de journalistes, militants et voix critique du régime marocain, relève l’ONG Amnesty International dans son nouveau rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme dans le monde.

Neuf marocains au moins, dont des rappeurs et des militants, ont été condamnés en janvier par divers tribunaux du pays à des peines allant desix mois à quatre ans d’emprisonnement pour des propos diffusés sur Youtube ou Facebook, tous accusés d' »outrage » à des fonctionnaires ou à des institutions publiques, déplore l’ONG dans le même document.

Amnesty cite également le cas du journaliste indépendant Omar Radi, qui a été la cible d’une campagne de dénigrement de la part des médias de l’Etat, relevant qu’elle avait publié en juin dernier une enquête confirmant que le téléphone du militant « avait été la cible à plusieurs reprises de logiciels espions sophistiqués. Le journaliste a été placé en détention provisoire pour « viol et atteinte à la sûreté extérieure et intérieure de l’Etat ».

L’ONG rappelle l’arrestation de l’historien Maâti Monjib et du journaliste Souleiman Raissouni qui est toujours en détention.

Selon Amnesty  » les autorités ont utilisé l’urgence sanitaire pour faire adopter des lois restrictives ». Le gouvernement a adopté en mars le décret-loi no 2.20.292, rendant passible d’une peine de trois mois d’emprisonnement et d’une amende de 1.300 dirhams toute personne qui contrevient  » aux prescriptions et aux décisions émanant des autorités publiques  » ou qui  » entrave l’exécution  » de ces décisions  » par des écrits, imprimés ou photos ».

 » Les autorités se sont servies de ce texte pour engager des poursuites contre au moins cinq militants des droits humains et journalistes citoyens qui avaient émis des critiques sur les mesures mises en place par les pouvoirs publics face à la pandémie de COVID-19, les accusant d’ incitation à contrevenir aux décisions émanant des autorités publiques « , déplore l’ONG.

Mohamed Bouzrou, Mohamed Chejii et Lahssen Lemrabti, administrateurs de la page d’actualité Fazaz 24 sur Facebook, ont été arrêtés et inculpés pour deux publications dénonçant la gestion de la pandémie de COVID-19 par les autorités locales.

Le rapport fait état, par ailleurs, d’une recrudescence de la répression au Maroc où les autorités ont utilisé la force pour disperser des manifestations pacifiques.

Des personnes ont été détenues dans des conditions difficiles, placées à l’isolement pour une durée indéterminée en violation à l’interdiction de la torture et des autres mauvais traitements, s’indigne l’ONG.

Malgré les risques élevés de transmission du Covid-19 dans les prisons, les autorités ont incarcéré des personnes au seul motif qu’elles avaient enfreint les restrictions imposées dans le cadre de la pandémie.

Le rapport évoque les arrestations des militants du Hirak du Rif dont, Nasser Zefzafi et Nabil Ahamjik qui ont observé des grèves de la faim pendant 25 jours afin de protester contre le refus de permis de visite opposé à leurs proches et le fait que les détenus du Hirak étaient dispersés dans différentes prisons auxquelles les familles ne pouvaient accéder.

Etiquettes : Maroc, Amnesty International, droits de l’homme, Omar Radi, Maati Monjib, presse, journalistes, Mohamed Bouzrou, Mohamed Chejii et Lahssen Lemrabti, Hirak, Rif , Nasser Zefzafi, Nabil Ahamjik,

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