Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a rejeté lundi 5 avril toute négociation directe avec les indépendantistes sahraouis du Front Polisario qui réclament un « siège » à l’ONU. Une réponse à son homologue algérien, Sabri Boukadoum, qui s’était exprimé la veille sur ce conflit vieux de plusieurs décennies du Sahara occidental.
Depuis novembre 2020, la tension est revenue dans cette zone désertique au cœur d’un conflit vieux de plus de 45 ans opposant les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie, au Maroc. Des accrochages sont survenus après que le Maroc a déployé ses troupes dans une zone tampon de l’extrême sud du Sahara occidental pour y déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route commerciale vers l’Afrique de l’Ouest, selon eux illégale. Le Polisario se dit depuis « en état de guerre de légitime défense ».
Les négociations quadripartites impliquant le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie sont au point mort depuis la démission du dernier émissaire de l’ONU Horst Kohler en mai 2019.
Mais selon le ministre des Affaires étrangères algérien Sabri Boukadoum, la nomination d’un nouvel émissaire onusien ne « suffit pas. Il faut qu’il y ait un processus (…). Nous continuons à dire qu’il faut des négociations directes et sérieuses entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario », a-t-il déclaré à des journalistes en marge d’un forum samedi 3 avril.
« Les deux véritables parties prenantes devraient s’asseoir à la table des négociations », a souligné Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères marocain lundi 4 avril.
Le Maroc veut une « autonomie sous contrôle » du territoire, où de grands chantiers de développement ont été lancés ces dernières années. Le Polisario, soutenu par l’Algérie voisine, réclame quant à lui, un référendum d’autodétermination.
Un imbroglio diplomatique
Les Nations unies appellent les parties prenantes à la reprise des discussions « en vue de parvenir à une solution politique juste » pour « l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », comme l’a indiqué le Conseil de sécurité en octobre 2020.
Le Sénégal a inauguré lundi 5 avril un consulat général à Dakhla, au Sahara occidental, en présence de la cheffe de la diplomatie sénégalaise Aïssata Tall Sall.
Depuis fin 2019, vingt-et-un pays, essentiellement africains, ont ouvert des représentations diplomatiques, à Laayoune et à Dakhla.
Le Maroc espère voir se matérialiser le consulat promis par le président américain Donald Trump, fin 2020 aux derniers jours de son mandat.
Les Sahraouis placent désormais leurs espoirs dans la nouvelle administration américaine du président Joe Biden pour qu’elle revienne sur cette décision.
La République arabe sahraouie démocratique veut un siège à l’ONU
Le Polisario considère l’ouverture de ces représentations diplomatiques comme une « violation du droit international et (une) atteinte au statut juridique du Sahara occidental en tant que territoire non autonome ». Lundi 4 avril, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a indiqué vouloir solliciter « un siège » à l’ONU.
« La RASD, membre fondateur de l’Union africaine (UA), réclame la place qui lui revient au sein du concert des nations », a déclaré lors d’une conférence de presse à Alger le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek.
A ce jour, la RASD ne dispose d’aucun statut à l’ONU. « Il ne faut pas que le peuple sahraoui et l’Etat sahraoui soient pénalisés par cette attitude intransigeante qui défie la légalité internationale », a ajouté Mohamed Salem Ould Salek, en allusion au refus du Maroc d’organiser un référendum d’autodétermination dans le territoire.
Quel rôle joue les Nations unies ?
Fin mars, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a demandé au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres d’accélérer la nomination d’un envoyé spécial au Sahara occidental.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira le 21 avril pour discuter du conflit au Sahara occidental. Lors de cette réunion, le chef de la mission des Nations unies sur place (Minurso) présentera un état des lieux.
Il s’agira de la première réunion du genre depuis que des hostilités ont repris en novembre dernier, après 30 ans de cessez-le feu.
TV5 Monde, 6 avr 2021
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