Les attaques contre les civils au Niger reflètent une crise de sécurité plus large

Robin Kennedy

Les civils au Niger ont été victimes de multiples attaques depuis le début de l’année 2021. Le 21 mars, 137 civils ont été tués lors de raids coordonnés sur des villages du sud-ouest du Niger. La semaine précédente, le 15 mars, 58 autres personnes ont été tuées alors qu’elles rentraient du marché local et une attaque antérieure, en janvier, a fait 100 victimes civiles. Ces 2021 attaques comptent parmi les pires pertes civiles que le pays ait connues récemment, en particulier dans la région de Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, où les civils sont de plus en plus souvent victimes d’attaques au cours des deux dernières années. Nombreux sont ceux qui ont attribué la violence à des groupes islamistes, car les attaques surviennent au milieu d’une crise sécuritaire plus large due à l’activité des militants islamistes au Niger et dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest.

Selon CNN, des militants de la société civile locale ont fait part de leurs inquiétudes quant au nombre croissant de victimes des milices islamistes. Harouna Abarachi, qui dirige des initiatives de paix dans le sud-ouest du Niger, qualifie cette région de « zone fragile ». Il a assisté à des conflits dans le passé, mais il estime que les attaques récentes contre des civils sont inquiétantes pour la stabilité de la région. Nombre de ces attaques sont des raids coordonnés qui ciblent systématiquement les civils ; un nouveau niveau de violence constituant de graves violations des droits de l’homme.

À la suite de ces attaques meurtrières, le secrétaire général des Nations unies (ONU), António Guterres, a déclaré son soutien au Niger. Il a appelé les autorités nigériennes à « ne ménager aucun effort » pour traduire les auteurs en justice, tout en demandant aux autres pays du Sahel ouest-africain de continuer à collaborer entre eux et avec les organisations internationales pour faire face à ces menaces pour la sécurité. M. Guterres a également appelé à une meilleure protection des civils dans la région, ce dont s’est fait l’écho Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique occidentale et centrale. Dans une déclaration réagissant à l’attaque du 21 mars, dans laquelle 22 des victimes étaient des enfants, Mme Poirier a déclaré : « L’UNICEF est profondément choqué et indigné par les terribles attaques dirigées contre des familles et des enfants. » Elle a souligné qu’il s’agit d’une grave violation des droits de l’homme et s’est fait l’écho de l’appel de l’UNICEF à toutes les parties impliquées pour protéger les enfants. À la suite de cette attaque, l’UNICEF a réitéré son engagement à soutenir le gouvernement du Niger dans ses efforts pour assurer la sécurité des enfants.

Le Niger est profondément touché par la violence islamiste depuis plusieurs années. Depuis que des rebelles et des milices islamistes ont pris le contrôle de villes dans le pays voisin du Mali en 2012, des menaces similaires se sont répandues dans tout le Sahel. L’État islamique dans le Grand Sahara, vaguement lié à l’État islamique, a mené des attaques aux frontières du Mali, du Niger et du Burkina Faso, ce qui a entraîné la crise sécuritaire dans le Sahel ouest-africain. Les efforts déployés par le Niger pour contenir l’État islamique au Grand Sahara n’ont pas abouti jusqu’à présent, comme en témoigne l’escalade des attaques contre les civils. En plus de faire des victimes, les militants islamiques ont incendié des salles de classe, volé du bétail et pillé des centres de santé, entraînant une destruction supplémentaire des communautés qu’ils ciblent.

Ces attaques violentes ont également des répercussions plus larges. Selon l’ONU, 3,8 millions de personnes au Niger ont besoin d’aide, dont 2 millions d’enfants. L’UNICEF a identifié l’insécurité, les restrictions d’accès et les violences répétées comme des facteurs rendant plus difficile l’accès aux populations vulnérables de la région. La violence récente et en cours n’est pas seulement dévastatrice pour les communautés dans lesquelles elle se produit, mais elle a aussi un impact sévère sur la population plus large du Niger, car elle entrave la distribution de l’aide humanitaire.

La réponse à cette crise sécuritaire sera un défi majeur pour le nouveau président du Niger, Mohamed Bazoum. Pour faire face à ces attaques et à la menace plus importante qu’elles représentent pour la sécurité et la stabilité du Sahel, il faudra une coopération régionale efficace et une collaboration avec les organisations internationales.

The Organization For World Peace, 5 avr 2021

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