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Les relations difficiles de la Turquie avec l’Union européenne ont mis un frein à son projet d’adhésion à l’UE et fait de l’Union une cible privilégiée des critiques du président Recep Tayyip Erdogan.
Mais alors que les deux parties se rencontrent à Ankara pour leur premier entretien en face à face depuis un an, elles doivent aborder une nouvelle série de problèmes, notamment la quête agressive d’énergie de la Turquie dans les eaux de la Méditerranée orientale et un conflit tendu concernant les migrants.
Nous revenons sur plus d’un demi-siècle de hauts et de bas.
– 1963 : Accord d’association –
La Turquie signe un accord d’association avec la Communauté économique européenne de l’époque, le précurseur de l’UE. Cet accord comprend des dispositions prévoyant un abaissement progressif des barrières douanières avant l’adhésion pleine et entière à la CEE.
– 1974 : Invasion de Chypre –
La Turquie envahit le nord de Chypre en juillet après une tentative de coup d’État à Nicosie, un acte condamné par tous les pays européens. La question chypriote devient un problème épineux qui ne fera que se compliquer après l’entrée de la Grèce et de Chypre dans le bloc.
– 1980 : Coup de grâce –
L’accord d’association est gelé après un coup d’État militaire férocement répressif en Turquie.
En 1987, Ankara déclare officiellement sa candidature à l’UE, mais la Commission européenne la rejette, invoquant des problèmes économiques et politiques.
– 1999 : Candidature à l’UE –
La Turquie, membre de l’OTAN, obtient finalement le statut de candidat quelques semaines avant le nouveau millénaire. Mais l’UE déclare que les négociations ne commenceront pas tant qu’Ankara ne respectera pas les normes en matière de démocratie et de droits de l’homme.
En août 2002, la Turquie adopte une série de réformes, abolissant la peine de mort et améliorant les droits civils de la minorité kurde.
– 2003 : « Le printemps d’Erdogan ».
Recep Tayyip Erdogan, leader de l’AKP d’origine islamique, devient Premier ministre en 2003 et adopte un large éventail de réformes démocratiques.
Deux ans plus tard, les négociations d’adhésion à l’UE commencent enfin, mais les progrès sont lents.
Les élections au Parlement européen de 2004 voient la percée des partis populistes, hostiles à l’entrée de la Turquie à majorité musulmane.
Si certains progrès sont enregistrés, la France, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande Angela Merkel bloquent l’élargissement des négociations.
Entre-temps, Ankara refuse de normaliser ses relations avec Chypre ou d’étendre à l’île divisée ses accords de libre circulation avec l’UE.
– 2015 : Crise des migrants –
Fin 2015, la Turquie apparaît comme un acteur stratégique dans la pire crise des migrants que connaît l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Les relations envenimées par la répression par la Turquie d’une vague de manifestations anti-Erdogan en 2013 commencent à se réchauffer.
En mars 2016, Ankara et l’UE signent un accord controversé pour endiguer le flux de migrants, provenant pour la plupart de Syrie et d’Irak déchirés par la guerre.
– 2016 : Échec du coup d’État –
Après qu’Erdogan ait survécu à un coup d’État en juillet 2016, des tensions profondes se développent alors qu’il se lance dans une série de purges massives, muselle davantage les médias et enferme des dizaines de milliers d’opposants et de « terroristes ».
– 2019 : Tensions dans la Méditerranée
La Turquie signe en novembre un accord de sécurité controversé avec le gouvernement libyen reconnu par l’ONU, revendiquant pour elle de vastes zones de la Méditerranée en échange d’une aide militaire.
La zone est depuis longtemps disputée entre la Grèce et la Turquie, l’appétit d’Ankara étant aiguisé par la découverte d’importantes réserves de gaz naturel.
En juillet 2020, la Grèce signe un accord rival avec l’Égypte, qui recoupe partiellement l’accord Turquie-Libye.
Ankara déclenche également la colère en forant dans les eaux au large de Chypre, au mépris des avertissements de l’UE et des États-Unis, ce qui incite la France à envoyer des navires de guerre dans la zone.
En août, des navires de guerre grecs et turcs entrent en collision alors qu’ils se talonnent, mettant l’UE et l’OTAN sur les dents.
– 2021 : Désescalade ? –
En décembre 2020, les dirigeants européens condamnent les « activités unilatérales et provocatrices » de la Turquie et dressent une liste de cibles turques à sanctionner.
Ankara condamne cette initiative, la qualifiant de « partiale » et d' »illégale », mais Erdogan déclare ensuite qu’il espère tourner une « nouvelle page » dans les relations.
Les dirigeants européens acceptent prudemment de renouer le dialogue avec la Turquie en mars 2021 si « la désescalade actuelle se poursuit ».
La Turquie rejette les demandes « étroites » de Bruxelles, mais s’engage à prendre des « mesures positives ».
Macau Business, 7 avr 2021
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