Le parti du Front de libération nationale (FLN) ne semble pas vouloir se mettre à la page pour reprendre sa place au sein de la société. Une place ternie depuis 2OO3 par les crises récurrentes qu’il a traversées et traverse encore sans que l’on redresse la barre organique et politique interne. Les secrétaires généraux cooptés à la tête du sommet du parti ont presque suivi le même chemin, la même méthode de travail mettant en faiblesse le parti (division des rangs- recrudescence des clans- règlement de compte- structures pyramidales illégitimes, etc.). Aux yeux de l’opinion publique et de ses militants, l’ex-parti unique donne l’impression au regard de ses propres contradictions et ses querelles byzantines d’être effacé. Une trajectoire qui persiste permettant non seulement la division de ses rangs, une revitalisation des clans, la cooptation des responsables au sein des structures pyramidales. Ce qu’on peut dire aussi, c’est que ce vice organique et politique est à mettre sur le crédit de l’instabilité de la direction avec la consommation successive de SG.
A la veille des élections législatives, selon les échos recueillis ici et là, l’actualité le prouve, la crise prend de l’ampleur, le FLN se montre ravagé par les luttes intestines de la base au sommet. D’après un cadre de la Mouhafadha de Batna, les règlements de compte se font désormais en direct et quasiment en contradiction avec le statut et les règlements intérieurs du parti « . Un commentaire tout à fait critique qui touche au plus profond la situation organique du parti. La récente décision prise par le SG du FLN, Abou al-Fadhl Baadji d’exclure du Bureau politique (BP) trois membres : Mahmoud Khodri-Mohamed Alioui et Ahmed Bennai est considérée par certains cadres et par les militants de la base » d’acte prémédité de la part de Baadji » visant à enfoncer le parti dans la dégringolade et l’improvisation organique au détriment de la cohésion des rangs à la veille d’une importante échéance électorale : les législatives du 12 juin prochain. Pour beaucoup de cadres et de militants assez virulents contre l’actuel SG du FLN qu’ils accusent de » mener une entreprise personnelle de destruction du parti. Un acte lamentable pour les militants et nos électeurs à la veille des législatives « . Exhortant les membres du Comité central (CC) à prendre leur responsabilité pour « destituer » le SG du parti, ces militants invitent également certains apparatchiks à lever les ambiguïtés et venir rassurer les militants de la base qui se sentent un peu orphelins.
L’ancien ministre Mahmoud Khodri touché par le gel de sa fonction de membres du BP a dans une déclaration rapportée par notre confrère » Le Soir d’Algérie » dit : Cette décision » est illégale et n’a aucun fondement statutaire, puisque nous n’étions ni sanctionnés pour des fautes politiques graves ni écoutés par le Conseil de discipline comme le stipulent les dispositions du règlement intérieur « . Dans sa déclaration à notre confrère » Le Soir d’Algérie « , Mahmoud Khodri a précisé : » Il n’a jamais été dans les traditions du FLN que celui qui occupe le poste de SG se présente comme candidat aux élections législatives. Or, l’actuel occupant du poste ambitionne de le faire pour des considérations financières « . Pour Khodri, les erreurs dans la gestion administratives du parti sont énormes. »
Comment expliquer qu’à quelques mois seulement d’un rendez-vous électoral d’une grande importance, le SG et le responsable de l’organique ont ouvert un grand chantier sur le plan des instances « , s’est-il interrogé. Il s’agit de changements des Mouhafedh et des responsables des kasmas selon l’ancien ministre qui poursuivra : « La désignation des responsables à tous les niveaux doit obéir aux urnes, et l’improvisation des comités transitoires ne peut que provoquer l’instabilité du parti en cette période délicate « . Selon toujours l’interlocuteur du » Soir d’Algérie » Baâdji Abou al-Fadhl » ne possède plus les prérogatives pour son éviction ou gel de sa qualité de membre du BP « .Il insistera pour dire : » Je demande une réunion du CC et son arbitrage dans le litige qui nous lie « .
Il ira plus loin avec son propre groupe de contestataires pour dire : » Nous allons participer à la campagne électorale en soutenant les militants du FLN, qu’ils soient présentés sous la bannière du parti ou dans des listes libres « . Et de poursuivre : » Au cas où nous trouverons des noms d’intrus ou de personnes ayant une relation avec l’argent sale sur les listes du FLN, nous allons, non seulement dénoncer ces listes, mais nous prendrons à témoin l’opinion publique et la presse « . Khodri a saisi la tribune que lui a offert » Le Soir d’Algérie » pour lancer des appels au ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire , afin d’insister sur le strict respect de l’application de la loi organique relative aux partis politiques et associations sur le FLN « , ainsi qu’aux » commissaires et contrôleurs publics à travers le Trésor public, les banques et les bureaux de poste, pour faire attention aux transactions financières du parti, en insistant sur le fait que Baâdji Abou al-Fadhl se trouve dans une situation illégale depuis le 3O novembre 2O2O, date de l’expiration de son mandat « , euphémise encore M. Khodri sur les colonnes du » Soir d’Algérie « .
Dans cette querelle interne parfaitement scandaleuse, il semble que les désaccords au sein du FLN sont désormais irrévocables pour sa composante humaine la seule voie de sortie de crise consiste en la tenue d’un congrès extraordinaire pour élire une nouvelle direction. Et puisque le temps presse, une partie des cadres et militants estiment qu’à la veille des législatives le mieux serait la dissolution du BP et du CC et l’installation d’une commission provisoire pour la préparation des élections législatives et en même temps l’entame de la préparation d’un congrès extraordinaire. Une sorte de comité de sages qui serait présidé par M. Salah Goudjil l’actuel président du Conseil de la nation, indique-t-on. Pour eux, la situation interne du parti est de plus en plus critique, voire très grave. » Alors que tout le monde s’attendait à voir enfin les vœux des militants se réaliser pour repartir sur des bases solides et saines, le parti se retrouve brutalement dans une un climat plus grave, très inquiétant avec un BP et un CC totalement en marge de l’intérêt du parti. Deux instances illégitimes à ajouter aux bureaux de Mouhafadha et de kasmas dans la même situation. Tout le monde s’évertue pour fuir les problèmes internes du parti, à prendre des positions très graves pour des ambitions politiques personnelles, notamment à la veille des élections législatives « , déclare un militant de la Kasma de Djaâfra. (Bordj Bou-Arreridj). B. C.
Le Maghreb, 7 avr 2021
Etiquettes : Algérie, FLN, Abou al-Fadhl Baadji, règlements de compte, Mahmoud Khodri, Mohamed Alioui, Ahmed Bennai, élections législatives,