Le dossier de montage de véhicules, la balance de paiements ou la circulation de l’argent informel sont les questions économiques abordées par le Président Abdelmadjid Tebboune lors de son entrevue, avant-hier soir, avec des patrons de médias.
Pour le chef de l’État, le dossier des véhicules sera « réglé durant le semestre en cours ». Il affirme que l’Algérie « passera vers une nouvelle expérience reposant sur le véritable montage automobile ». Tebboune a précisé que l’expérience passée de montage automobile « n’a donné aucun résultat et nous a coûté une fortune ». Il a rappelé « le prix du véhicule monté localement a dépassé celui du véhicule importé », imputant cela aux opérateurs « qui n’ont pas honoré leurs engagements à réaliser un taux d’intégration ».
« Nous sommes supposés créer, lorsqu’on parle de montage automobile, de milliers de postes d’emploi. Mais nous avons assisté hélas à la création de 400 postes d’emploi uniquement par un investisseur qui a consommé trois milliards de dollars », a relevé le Président Tebboune. Même l’usine de montage de la marque française Renault « a commencé uniquement maintenant à intégrer certaines pièces fabriquées localement », a-t-il ajouté « Si le montage automobile n’aboutit pas, d’ici 3 ou 4 ans conformément au cahier de charges, à la réalisation d’une intégration d’au moins 40 %, à la création de postes d’emploi et à la fabrication de pièces algériennes, il n’y aura pas de montage automobile », at-il poursuivi. Concernant le cahier d charges des véhicules, l’un des points de discorde entre le président et l’ex-ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali, a fait savoir que le document est « fin prêt » et que « le problème ne réside pas dans le cahier de charges, mais dans le choix des États fournisseurs ». L’acquisition de « 300.000 véhicules auprès d’un État en particulier va alimenter sa production et préserver ses postes d’emploi sans rien avoir en retour », a-t-il ajouté.
Balance des paiements rééquilibrée entre 2021 et 2022
L’Algérie parviendra « pendant l’année en cours ou au plus tard l’année prochaine », à un équilibre de sa balance des paiements, a également annoncé Tebboune. Cela grâce à la politique de « maîtrise des importations et de l’encouragement des exportations hors-hydrocarbures ». Il a indiqué que l’Algérie a réussi, en 2020, à réduire les importations de « 10 milliards USD par rapport à 2019, en dépit de la pandémie et ce, grâce à la production, à la maîtrise de la sur-facturation et à l’application d’un contrôle plus sérieux de certains services ». Nous « avons réalisé tout ça sans créer un déficit ou une pénurie », s’en est-il réjoui, avant de dévoiler des chiffres.
Le Président évoque un « travail en cours en vue d’épargner 800 millions USD à 1 milliard USD dans les importations des médicaments, grâce à l’industrie pharmaceutique locale ». 500 millions USD seront aussi épargnés dans les importations du blé qui ne dépasseront pas 400 ou 500 millions USD Quant aux exportations hors-hydrocarbures, il a réaffirmé « l’attachement de l’Etat à cet objectif, faisant état de la programmation de l’exportation de 400 millions USD de médicaments courant 2021 ». Si nous parvenons à 4 Mds USD d’exportations hors-hydrocarbures, nous en seront heureux, car pendant les 25 dernières années, nous ne dépassions pas 2 mds USD. Quant à son plan de relance économique, le Président Tebboune a affirmé « la relance a commencé dans plusieurs secteurs dont la filière du montage qui sera reconstruite sur de nouvelles bases », outre l’agriculture dont la « production dépassera 25 mds de dollars ainsi que les secteurs des petites et moyennes entreprises et les startups ».
6.000 à 10.000 milliards DA d’argent informel
Le montant des fonds en circulation dans le marché parallèle oscillerait entre 6.000 et 10.000 milliards DA, selon le chef de l’État. Il a annonc que les mesures adoptées pour drainer une partie de cet argent, notamment avec la généralisation de la finance islamique, pourront donner « un résultat positif ». « Nul ne détient le chiffre exact de l’argent en circulation en dehors du circuit officiel, il oscillerait entre 6.000 et 10.000 milliards DA », a déclaré le président lors de sa rencontre périodique avec les médias, diffusée dimanche soir. Affirmant que le lancement et la généralisation de la finance islamique et l’émission de titres sont à même de donner des résultats « positifs », Tebboune a fait état de la récupération de quelque « 100 milliards de centimes de cet argent informel en un seul mois ». Le Président Tebboune estime que davantage de fonds pourront être introduits dans le circuit bancaire après les prochaines élections et une meilleure stabilité du pays.
Les enquêtes sur l’argent sale se poursuivent
Au sujet des fonds détournés, le président de la République a affirmé que la récupération de ces fonds de l’étranger était tributaire du prononcé de jugements définitifs dans les affaires intentées à l’encontre des auteurs qui, a-t-il ajouté, « devront, un jour, dévoiler les emplacements secrets de ces fonds ». Le président de la République a évoqué, à ce propos, de « bonnes nouvelles à annoncer durant le mois courant », rappelant que les ambassadeurs d’Algérie à l’étranger ont entamé des démarches pour la récupération de biens immobiliers, citant la récupération à Paris de « 44 biens immobiliers, dont des appartements et des châteaux ».
A la question de savoir s’il existe un inventaire des fonds détournés en Algérie, le Président Tebboune a relevé que ce qui a été récupéré reste « insignifiant » par rapport aux crédits bancaires accordés. Des crédits s’élevant à près de « 6.000 Mds DA, dont uniquement 10 à 15 % ont été récupérés jusqu’à l’heure actuelle », a-t-il fait savoir. Dans le même sillage, le Président Tebboune a assuré que les enquêtes sur l’argent sale « se poursuivent », dévoilant des tentatives de susciter des problèmes sociaux et des manifestations en utilisant l’argent sale de personnes en détention. Des tentatives auxquelles nous ferons face », a-t-il affirmé.
Par : LAKHDARI BRAHIM
Le Midi Libre, 6 avr 2021
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