par Abdelkrim Zerzouri
Les partis d’obédience islamique se préparent-ils à prendre le contrôle de la prochaine Assemblée populaire nationale (APN) ? La scène semble se prêter à une telle opportunité avec le boycott des législatives anticipées du 12 juin prochain par le PT, le RCD et d’autres non agréés, rejoints par le FFS, ainsi qu’un affaiblissement présumé de partis qui constituaient la majorité au sein de l’ex-APN, mais dont le poids réel resterait à évaluer, lors de ce prochain scrutin qui s’annonce sans concession.
Le vent est favorable au courant islamiste qui a opté pour une participation en force au prochain rendez-vous électoral, dont le MSP, El Bina, le PJD, les mouvements El Islah et Ennahda, qui pourraient bien réaliser ce qu’ils n’ont jamais réussi à accomplir par le passé, soit la domination des pouvoirs législatif et exécutif, car s’ils arrivent à constituer une coalition majoritaire au sein de l’APN, la nouvelle Constitution leur donne plein pouvoir pour nommer un chef de Gouvernement et exécuter leur propre programme politique. Cela reste une ambition politique, pour le moment bien sûr.
Les paramètres en question plaideraient en leur faveur, mais il y en a d’autres encore qui installeraient le doute dans le décor. Les partis FLN, RND, TAJ, Front El Moustakbal, ainsi que d’autres formations politiques fraîchement constituées ou pas encore bien ancrées dans la société, les jeunes et les indépendants, ne vont certainement pas se contenter de jouer aux lièvres. Certes, les courbes des statistiques établies lors des précédentes joutes électorales, ne peuvent pas constituer un barographe crédible pour juger du poids des uns et des autres sur la scène politique nationale, notamment en raison des systèmes de quotas appliqués en pareil rendez-vous, qui ne tiennent pas compte du résultat réel du vote des électeurs, mais il est important de rappeler que la mouvance islamiste se trouvait sur une pente raide ces dernières années. Les partis concernés se sont toujours défendus contre cette estimation, arguant du fait que les élections étaient entachées de fraudes qui faussaient les contours réels de la carte politique nationale.
Le prochain rendez-vous des législatives anticipées, du 12 juin prochain, avec les sérieuses et fortes garanties de protection des voix des électeurs, serait plus approprié pour donner à chaque parti sa taille réelle sur la scène nationale.
Rien n’est, donc, joué à l’avance ? Dans l’ensemble, selon des chiffres non définitifs, communiqués, à la fin du mois de mars, par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), le nombre des imprimés de candidatures retirés a atteint 3.270, dont 1.420 imprimés retirés par 55 partis agréés, et 1.863 autres dans le cadre des listes d’indépendants. Ces derniers réussiraient-ils à fausser les calculs des partis de la mouvance islamiste et prendre la majorité des sièges ou irait-on, à l’issue du vote du 12 juin prochain, vers une représentativité disparate à l’APN, qui ne donnerait à aucune partie la possibilité de constituer une majorité parlementaire ?
Le Quotidien d’Oran, 5 avr 2021
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