Algérie : Différentes facettes

par Abdou BENABBOU

Le FFS tourne finalement le dos aux prochaines élections. Sa prise de position rejoint celle du RCD pour marquer le désintérêt d’une partie importante de la classe politique à l’adresse de la feuille de route tracée par le président de la République. L’audience, accordée par lui aux responsables du parti fondé par Aït Ahmed, n’a pas payé et on devine à l’avance le goût de la sauce électorale dans les localités où ces deux partis politiques sont solidement ancrés.

En outre, après d’âpres démêlés au cœur du PT, on ignore encore à quel sort est vouée sa présidente Louisa Hanoune et quelle tangente prendra son parti qui avait lui aussi annoncé que les élections prochaines ne le concernaient pas.

Prévisibles à la veille de chaque élection, les échauffourées au sein des partis n’étonnent pas et on devine les remous souterrains qui animent aujourd’hui les périmètres politiques larges ou réduits. A quelques exceptions, toutes les rumeurs fusent du centre des tiraillements, à défaut, comme à l’accoutumée, d’un échange d’idées fertiles malgré la mise en avant des débats idéologiques trop creux, loin du niveau de la grande crise multiforme que vit le pays. Se mêlent les prétentions humaines démesurées pour des valorisations individuelles douteuses avec les opportunismes variés pour une place assise dans les institutions nationales, quitte à livrer son âme au diable. L’essentiel est d’arriver à forcer la porte pour se garantir des avantages financiers et matériels multiples. Les politiques algériens sont ainsi dans leur majorité. La dignité, qualité devenue rare, préfère amadouer les déceptions et les rancœurs et se fait malheureusement muette.

Pour le moment, la trame des futurs engagés face aux électeurs n’est pas connue sauf qu’il est à craindre que ceux qui sont rôdés à l’exercice électoral se voient offrir un large boulevard pour se déployer et il n’est pas écarté que les Algériens soient renvoyés à d’inextricables situations déjà vécues. La couleur de la société algérienne avec ses différentes facettes dissemblables étant connue et devenue ancrée, il est certain que le gros des marcheurs du vendredi n’ira pas voter laissant le champ libre à ceux qui tiennent à configurer le pays à leur image.

Dès lors, un fort taux d’abstention au suffrage prochain n’est pas sans grand danger. Il ne se limitera pas seulement à la comptabilité des bouderies des partis et d’une frange de la population, mais peut avoir des conséquences fâcheuses politiques et économiques pour l’Algérie. Y compris avec des pays amis.

Le Quotidien d’Oran, 5 avr 2021

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