Algérie : Louisa Hanoune destituée ?

Le parti des travailleurs est en plein tourmente. Louisa Hanoune, l’inamovible secrétaire général de cette formation d’obédience trotskyste, du moins sur le plan théorique, est dans tous ses états. Moins d’une semaine après avoir annoncé le boycott des législatives du 12 juin, elle fait face à une situation inattendue, qui risque de mettre fin à son long règne à la tête d’une formation, qui, aussi paradoxal que cela paraisse, a toujours été gérée avec des méthodes staliniennes.

« Les prochaines législatives ne constitueront pas l’amorce du démantèlement du système obsolète hérité du model du parti unique et contre lequel la majorité du peuple s’est révoltée et soulevée. Bien au contraire, ces élections font partie d’un processus électoral qui a été imposé au lendemain de la démission d’Abdelaziz Bouteflika, pour sauver le système et imposer son maintien », a-t-elle déclaré.

Il ne fallait pas plus pour que la cohésion dont elle souvent vantée parte en éclats. Un mouvement de dissidence est né sans qu’elle ne se rende compte, pour lui signifier que son temps est révolu, et que le moment est venu pour le poste qu’elle occupe depuis 30 ans.

Elle, qui a vécu tous les évènements ayant eu lieu en Algérie, depuis la monté de l’islamisme politique, l’émergence du FIS, la terreur des années 1990, Sant’egidio, les quatre mandats de Bouteflika et enfin le scénario de « conspiration », qui a failli mettre fin à sa carrière, est suffisamment introduite dans l’Etat profond pour savoir que son sort est scellé. Elle doit quitter la scène. Ça semble irrévocable !

Les meneurs du mouvement de redressement, dont l’action est qualifiée de « criminelle » par Louisa Hanoune, semblent avoir pris toutes leurs dispositions pour atteindre leur objectif. Après avoir obtenu les autorisations nécessaires à la tenue de leur réunion, Louisa Hanoune voit sa marge de manœuvre rétrécir. Il est peu probable qu’elle puisse renverser la tendance. Tout ce qui lui reste est dénoncer, de crier au complot ou au coup d’Etat « scientifique », mais en fin de compte, elle devrait se résigner, en admettant que le changement est désormais irréversible, sauf qu’il aurait pu se faire dans des circonstances apaisées et moins pénibles. Ce qui n’est pas le cas, hélas, pour des raisons multiples.

Aussi, Louisa Hanoune ne devrait pas ignorer qu’en période de crise, l’alternance ne suit jamais son cours naturel. C’est d’ailleurs l’une des spécificités du multipartisme à l’algérienne. Le FFS qui sera lui aussi le grand absent des prochaines législatives connaitra-il les effets dévastateurs de la dissidence ou des interférences extra partisanes ? S’il l’on ne peut anticiper une quelconque hypothèse, la scène politique nationale nous a habitués à bien de surprises.

Mohamed Mebarki

L’Est Républicain, 4 avr 2021

Etiquettes : Algérie, Louisa Hanoune, PT, Parti des Travailleurs,

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