Algérie : Les gros bras du FLN emportés par la purge

La crise au sein du FLN vient de prendre de nouvelles proportions organiques. Le conflit qui oppose des hauts dirigeants du vieux parti au SG intérimaire Abou Fadhl Baadji ne cesse de prendre de l’ampleur, au point ou certains militants préparent une sorte de hirak hebdomadaire devant le siège à Hydra.

Après avoir constaté que des membres du Comité central aient décidé de lancer une pétition ouverte exigeant la tenue d’une session extraordinaire de l’instance et la fronde qui commençait déjà dans plusieurs grandes mouhafadhas, le SG intérimaire s’est résolu enfin à réagir. Il a ciblé directement ce vendredi trois grosses pointures du FLN, qui semblent être liées aux récentes gestations qui secouent le parti.

Ainsi, Alioui Mohamed, un des plus anciens dirigeants du FLN et l’inamovible secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens a été écarté du Bureau politique, alors qu’il était chargé des questions du secteur agricole et des organisations professionnelles. La décision de sa présence au sein du BP est donc gelé, bien que certains avaient contesté la procédure de Baadji, étant donné que Alioui n’a pas été entendu par un conseil de discipline, ni sanctionné pour des fautes politiques graves, comme le stipulent les dispositifs du règlement intérieur.

Il faut rappeler que Alioui a été désigné par Baadji comme membre du BP en septembre dernier, après avoir obtenu son soutien pour briguer son mandat intérimaire très controversé. Depuis quelques semaines, Alioui s’est montré très critique envers son patron, et a lancé des manœuvres en coulisses pour déclencher un processus de désignation d’un nouveau SG ou la tenue d’un Congrès extraordinaire. Pour beaucoup, Alioui est le fer de lance de la nouvelle contestation interne au sein du FLN.

La décision de Baadji de l’écarter de la sphère décisionnelle du vieux parti a été annoncé un vendredi, sans l’énoncé des véritables causes ou prétextes de ce limogeage du BP.

Deuxième main lourde du SG est encore sa décision de geler la qualité de membre du BP à deux dinosaures, en l’occurrence l’ancien ministre Mohamed Khoudri et le sénateur Ahmed Bennai. L’annonce lapidaire a été faite sur la page Facebook du parti, sans l’évocation de la moindre explication. Les deux noms sont connus pour être d’actifs dirigeants et animateurs du mouvement de redressement du FLN depuis le règne de Belkhadem et de Saidani.

Il est évident que cette purge indirecte est liée à deux facteurs: le premier concerne les remous qui secouent le parti dans ses organes, notamment la pétition qui circule toujours réclamant une réunion urgente du CC et un dépôt de plaintes contre l’actuelle direction politique, alors que le second concerne la forte effervescence qui s’est emparée de la base avec l’annonce des élections législatives anticipées. Des batailles sourdes se déroulent actuellement, d’autant que le parti aux dires de ses propres chefs, a subi une importante érosion de son encadrement. Des militants aguerris et rompus aux arcanes des élections et de la campagne électorale ont changé de casquette préférant se lancer sur des listes indépendantes, d’autant que des facilitations ont été offertes et des garanties juridiques et politiques ont été données à ces listes par rapport à celles des partis politiques.

Le Jeune Indépendant, 3 avr 2021

Etiquettes : Algérie, FLN, Abou Fadhl Baadji, Alioui Mohamed, Mohamed Khoudri, Ahmed Bennai, élections présidentielles,