Algérie : Hanoune dénonce une opération «externe au parti»

par Abla Chérif

Les appréhensions du Parti des travailleurs se sont vérifiées hier samedi. Un groupe de personnes se réclamant du PT a annoncé la destitution de Louisa Hanoune au terme d’une réunion autorisée par la Wilaya d’Alger.
Cette réunion, qui s’est tenue dans la matinée d’hier à l’hôtel Mazafran, avait été annoncée il y a trois jours par la secrétaire générale du PT lors d’une conférence de presse. Louisa Hanoune avait dénoncé une tentative de putsch sur laquelle elle est revenue hier, éléments à l’appui.

La première donne réside, dit-elle, dans le fait que les initiateurs de ce mouvement de redressement ne sont autres que « des personnes exclues du parti car ayant été impliquées dans des affaires de corruption ». « Notre combat contre la corruption ne se limite pas qu’à certains cercles, il est général, et nous balayons devant notre porte avant d’aller voir ailleurs. Ce sont des corrompus, leur place n’était pas parmi nous », dit-elle.

Ce mouvement, explique-t-elle encore, se constitue aussi « d’autres personnes ayant démissionné du parti et annoncé leur geste sur les réseaux sociaux ». Il s’agit donc d’une « opération externe au parti.

La question qui se pose, bien sûr, est de savoir s’ils ont agi seuls ? Ce que nous savons est que les initiateurs de cette opération ont parlé, ils ont dit publiquement qu’ils étaient soutenus par certaines parties. Certains de leurs propos étaient graves, nous ne voulons pas les prendre à notre compte et leur en laissons la responsabilité. Ces personnes disent également qu’on leur a promis d’avoir un bon quota aux élections à venir, c’est-à-dire que nous sommes toujours dans la logique des quotas ».

Louisa Hanoune ne mâche pas ses mots : « L’opération menée contre le Parti des travailleurs (PT) est grave pour le pays. Cette tentative de casser des partis, des syndicats… est grave et prouve que les élections prévues sont porteuses de danger .» Le 2 mars dernier, le PT avait annoncé sa décision de ne pas prendre part aux prochaines élections législatives estimant que le parti ne pouvait s’engager « dans toute démarche pouvant déstabiliser le pays ». Les redresseurs, eux, sont engagés dans un processus inverse et appuient le scrutin du 12 juin prochain.

En dépit de ces évènements, Louisa Hanoune se dit « calme, sereine, tout comme les cadres dirigeants du parti et les membres du Comité central qui se préparent à défendre leur parti ». « Ni la prison ni les intimidations n’ont réussi à me casser car je suis une militante, dit-elle. Nous sommes un parti légaliste, nous ne voulons pas entrer dans la clandestinité. La loi, la légitimité et le bon droit sont de notre côté .»

Au mois de janvier dernier, le ministre de l’Intérieur avait validé l’exclusion de plusieurs membres du comité central du PT (seize personnes en tout), qui se sont organisés en mouvement de redressement autorisé par la Wilaya d’Alger à tenir la fameuse réunion de ce samedi.

Le Soir d’Algérie, 4 avr 2021

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