Au Tchad, la présidentielle est prévu le 11 avril 2021 et le président Idriss Déby, 69 ans dont 31 au pouvoir, briguera son 6ème mandat face à 9 autres candidats dont trois se sont désistés en guise de protestation. Voici l’état des lieux.
A moins de deux semaines du scrutin, la tension monte d’un cran. 17 candidatures ont été déposées mais seules 10 ont été retenus par la Cour constitutionnelle. Et dans ce lot, trois opposants se sont désistés.
Ceux qui boycottent le scrutin
Plusieurs partis politiques et organisations de la société civile sont en faveur du boycott. Ainsi, Saleh Kebzabo, l’avocat Theophile Bongoro et Ngarledji Yorongar, trois figures majeures de l’opposition tchadienne, font campagne pour le boycott. D’autres opposants comme Succès Masra, leader des « transformateurs » dont la candidature n’est pas retenu, est aussi engagé à leurs côtés.
Les partisans du boycott dénoncent ainsi l’absence de transparence du processus et soutiennent que « les conditions ne sont pas réunies pour assurer un scrutin crédible et transparent ».
En effet, l’opposant historique Saleh Kebzabo «préfère se retirer du processus. Il dénonce ainsi « une mascarade » et « militarisation évidente du climat politique ».
« Nous avons lancé des campagnes de sensibilisation dans tout le pays pour dire aux populations que c’est une élection sans enjeu, la même mascarade qui est en train d’être préparé. Il refuse d’organiser un dialogue pour gérer ces questions-là, nous on lance un boycott », déclare-t-il à la BBC.
Ceux qui participent
Cependant, quelques opposants tiennent à aller à cette présidentielle contre le président Idriss Deby Itno. Six opposants lui feront face le 11 avril prochain.
Il s’agit de Romadoungar Nialbé Félix, Brice Guedembaye Baimon, l’ancien Premier ministre Pahimi Padacket Albert, la première femme candidate à une élection présidentielle au Tchad, l’ancienne ministre Lydie Beassemda, Yombombé Théophile et Alladoum Baltazar.
Pour Brice Guedembaye Baïmon, le boycott de la présidentielle n’est en rien une solution à la situation politique qui prévaut au Tchad.
« Quel que soit le degré de violation des textes qui existent déjà nous sommes embarqués. Je crois que c’est en insistant qu’on peut parvenir à cerner le régime actuel », propose-t-il.
L’opposant à la tête d’un regroupement de partis d’opposition souligne que « la politique a horreur du vide ».
Qu’en pense le camp de Déby ?
Du côté du pouvoir, la campagne de boycott du scrutin, lancée par l’opposition est vue comme « un non-événement ».
Me Jean Bernard Padaré, secrétaire général adjoint et porte-parole du parti au pouvoir, juge la mesure de boycott comme une fuite en avant.
« L’opinion publique n’est pas dupe parce qu’elle sait que ces gens n’ont rien à proposer. C’est pourquoi, ils veulent exister médiatiquement », déplore l’allié du président tchadien.
Que dit la constitution tchadienne sur le boycott ?
Il y a un vide juridique concernant le boycott d’une élection par un candidat dont le dossier est déjà validé par la Cour constitutionnelle.
La constitution prévoit rien dans ce cadre de figure. Néanmoins, comme c’est la Cour suprême qui a validé la liste des candidats, c’est à elle de se réunir encore pour décider.
Le problème qu’il y a, c’est que les boycotteurs ont déposé leur correspondance de retrait, le jour même que la Cour suprême statuait. En ce moment les noms des boycotteurs figurent toujours sur la liste.
BBC, 2 avr 2021
Etiquettes : Tchad, élections présidentielles, Idriss Déby Itno, Cour constitutionnelle, opposition, partis politiques, candidats, boycott, Afrique, Sahel,
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