Par Mohamed K. – Amar Saïdani apparaît dans l’affaire du détournement de fonds à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Selon le quotidien arabophone Echorouk, qui rapporte l’information, sans citer le concerné nommément, l’instruction est remontée jusqu’à 2007, date à laquelle l’ancien secrétaire général du FLN a été cité dans le scandale du blé à Djelfa. Le journal se réfère à des sources judiciaires proches du dossier, selon lesquelles l’ex-président de l’APN est impliqué au même titre qu’un ancien ministre de l’Agriculture dont le nom n’a pas été dévoilé.
On comprend maintenant pourquoi Amar Saïdani s’est réfugié au Maroc. Sa décision coïncide, en effet, avec l’emprisonnement du directeur de l’OAIC et de l’inspecteur général dont le procureur de la République vient de révéler la fortune amassée en Algérie et à l’étranger en dinars, en dollars et en euros, ainsi que les nombreux biens immobiliers acquis avec l’argent de la corruption. Une demande d’extradition du voisin d’Abdelmoumen Ould-Kaddour à Neuilly, dans la banlieue huppée de Paris, paraît impossible, à moins que l’Algérie adopte la même attitude que celle qui avait abouti au rapatriement du chef terroriste Abdelhak Layada, après des pressions exercées par le gouvernement algérien sur les Marocains.
Si l’innommable Amar Saïdani avait été épargné par la justice grâce à sa position à la tête du FLN et à sa proximité avec les centres de décision politique influents sous Bouteflika, il n’en demeure pas moins qu’il devra être jugé pour plusieurs délits. Il est notamment accusé d’avoir participé au détournement de 4 000 milliards dans l’affaire de la Générale des concessions agricoles (GCA). En 2008, alors qu’il s’apprêtait à quitter Alger à destination de Paris, Amar Saïdani avait été refoulé de l’aéroport, car il était frappé d’une interdiction de sortie du territoire national ordonnée par la justice. En juin 2007, il fut convoqué par le tribunal de Djelfa mais n’a jamais répondu à cette convocation. Cette affaire, qui a éclaté vers la fin de l’année 2006, et qui avait fait la Une des journaux, porte sur des délits de passation de marchés contraires à la législation, contrats fictifs, faux et usage de faux et paiement par anticipation à la réception d’ouvrages. Amar Saïdani y était mêlé à travers sa société-écran Al-Karama.
Après avoir menti sur ses biens dissimulés en France, alors qu’il présidait aux destinées du FLN, Amar Saïdani fut acculé par les révélations d’Algeriepatriotique et finit par passer aux aveux en reconnaissant avoir acquis un bien onéreux à l’étranger. «Oui, j’ai effectivement acheté un appartement à Paris», avait-il avoué dans un entretien au quotidien arabophone El-Khabar. Le voisin de Sarkozy avait tenu à préciser qu’il avait remis un dossier détaillé sur cette acquisition au chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Toufik, contre lequel – schizophrénie ou manœuvre défensive ? – il avait débordé d’accusations inimaginables.
Algeriepatriotique avait mis la main, en novembre 2014, sur un document qui confirmait les acquisitions immobilières d’Amar Saïdani dans la capitale française. Il s’agit du contrat d’achat de l’un des deux appartements que nous avions pu «recenser» en avril 2014. D’une superficie de 101,61 m2, cet appartement a été acheté auprès d’un couple mexicain en novembre 2009. Il est situé au 9/15 boulevard Victor-Hugo, à Neuilly-sur-Seine. L’acquisition a été effectuée au nom de la société civile immobilière L’Olivier, créée en juillet 2009 – soit quelques mois auparavant – et gérée par l’une des filles d’Amar Saïdani, Kenza. Le siège social de la SCI L’Olivier, spécialisée dans l’acquisition et l’exploitation de tous biens et droits immobiliers, est sis au 48, rue de la Bienfaisance, dans le très chic VIIIe arrondissement de Paris. Outre Amar Saïdani, sont actionnaires dans cette société tous ses enfants et son épouse.
Pour acquérir l’appartement en question, Amar Saïdani a pris ses dispositions en évitant de payer cash la totalité du prix. En effet, comme le souligne le contrat, à travers la société L’Olivier, il a versé 317 500 euros et contracté un crédit immobilier de 347 500 euros auprès du Crédit du Nord, avec un taux d’intérêt annuel de 3,55%. Le coût de ce crédit est fixé à 147 745 euros, avec possibilité de réévaluation. Il le remboursera en 180 mensualités de 2 700 euros. Pour conclure cette transaction, le concerné a également déboursé plus de 33 000 euros en frais.
Algérie Patriotique, 1 avr 2021
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