En Tunisie, deux camps s’affrontent autour du projet d’aménagement de la lagune de Sijoumi, située dans le grand Tunis. Les autorités tunisiennes souhaitent approfondir l’étendue d’eau afin de résoudre les problèmes liés à la pollution et à l’urbanisme anarchique ; tandis que les défenseurs de l’environnement craignent que le projet ne fasse disparaître les flamants roses.
La voix des écologistes sera-t-elle finalement entendue au sujet de l’aménagement de la lagune de Sijoumi en Tunisie ? Pour l’instant, rien n’est moins sûr. Le gouvernement tunisien est au contraire déterminé à mettre en œuvre son projet de réhabilitation du lac tel quel. Le projet mis en œuvre par le ministère tunisien de l’Équipement et de l’Aménagement durable prévoit l’approfondissement du tiers de la lagune, d’environ un mètre. Les travaux devraient coûter 130 millions d’euros.
La lagune située dans le grand Tunis est menacée par la pollution et l’urbanisme anarchique. À en croire les autorités tunisiennes, plus de 1,8 million de m3 de déchets solides y ont été déversés depuis 2009, ainsi que des eaux usées industrielles. À ce jour, la lagune de Sijoumi, quatrième zone humide d’Afrique du Nord et autrefois dotée d’une biodiversité unique n’est plus que l’ombre d’elle-même. « Nous voulons éviter sa disparition. Cela passera par des gestes forts pour préserver la ressource (l’eau, les poissons, etc.) », affirme Nadia Gouider, la directrice de projet de la lagune de Sijoumi.
Une zone classée Ramsar depuis 2007
Sauf que pour les défenseurs de l’environnement, ce projet réalisé sur la lagune de Sijoumi ne fera pas que l’embellir. L’initiative privera aussi les 100 000 oiseaux de nourriture. « Beaucoup d’oiseaux ne peuvent pas plonger avec une grande profondeur », explique Hichem Azafzaf, le coordonnateur scientifique de l’association Les Amis des oiseaux en Tunisie. Face à l’inquiétude des environnementalistes, le ministère tunisien de l’Équipement et de l’Aménagement durable assure qu’un espace sera disponible pour les flamants roses. Un argument qui ne pourra être vérifié qu’à la fin des travaux d’aménagement de la lagune de Sijoumi.
WWF Tunisie, la branche du Fonds mondial pour la nature (WWF) explore actuellement des solutions pour stopper l’assèchement des eaux de la lagune Sijoumi, dans le cadre du projet GEMWET « Conservation et développement durable des zones humides côtières à haute valeur écologique ». Selon WWF, le bassin salé, classé zone Ramsar depuis 2007 s’assèche rapidement, avec pour conséquences une montée de la salinité de l’eau et l’altération de l’irrigation automatique des plantes qui finissent par mourir.
Inès Magoum
Afrik21, 2 avr 2021
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