En avril, les membres du Conseil de sécurité s’attendent à recevoir un briefing lors de consultations sur la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), probablement de la part de Collin Stewart, le représentant spécial pour le Sahara occidental et chef de la MINURSO.
Le mandat de la MINURSO expire le 31 octobre.
Principaux développements récents
Les membres du Conseil se sont réunis virtuellement sur le Sahara occidental le 21 décembre 2020, lorsque l’Allemagne a demandé une réunion du Conseil après plusieurs mois de tensions accrues entre le Maroc et le Front Polisario, l’entité représentant les habitants de la région du Sahara occidental connus sous le nom de Sahraouis. Au cours de ces frictions, des manifestants du Polisario ont bloqué la circulation entre la partie du Sahara occidental sous contrôle marocain et la Mauritanie dans la ville frontalière de Guerguerat, à la suite de quoi le Maroc a déployé des forces armées dans la zone tampon. Le Front Polisario a ensuite annoncé qu’il ne respecterait plus l’accord de cessez-le-feu, signé par les deux parties en 1991.
Le conflit a depuis persisté à un niveau de faible intensité, et la MINURSO continue de surveiller la situation. Dans un communiqué de presse daté du 2 mars, le Front Polisario a réagi aux propos du porte-parole du Secrétaire général, qui avait déclaré que la MINURSO continuait de surveiller la situation sur l’ensemble du territoire et à Guerguerat. Critiquant la mission, le Front Polisario a suggéré que le compte-rendu du porte-parole reflétait une tentative de la MINURSO de donner une fausse impression de « calme général ».
Depuis que le Sahara occidental a obtenu son indépendance de l’Espagne en 1975, le Maroc et le Front Polisario se disputent la région, qui a des frontières avec l’Algérie, la Mauritanie et le Maroc. Un référendum qui devait être organisé avec le soutien de la MINURSO et qui était destiné à déterminer le statut de la région ne s’est jamais concrétisé. Le Maroc maintient que le Sahara occidental doit être incorporé à son territoire en tant que région autonome, mais le Front Polisario insiste pour que le référendum soit organisé, l’indépendance étant une option légitime.
Le 10 décembre 2020, l’ancien président américain Donald Trump a annoncé que les États-Unis reconnaissaient la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, obtenant en retour la normalisation des relations du Maroc avec Israël. En 2019 et 2020, le Burundi, la République centrafricaine, les Comores, la Côte d’Ivoire, Djibouti, le Gabon, la Gambie, la Guinée, le Liberia, São Tomé-et-Principe et les Émirats arabes unis ont établi des présences diplomatiques dans des zones sous contrôle marocain. Selon le dernier rapport du Secrétaire général, le Front Polisario a critiqué ces actions comme étant des violations du droit international et une atteinte au statut juridique international du Sahara occidental en tant que territoire non autonome.
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a annoncé son intention d’accroître les efforts diplomatiques pour « apporter une solution juste et durable à la crise ». Dans un communiqué adopté le 9 mars, il s’est déclaré préoccupé par la reprise de la confrontation militaire. Il a donné mandat à la Troïka de l’UA – composée des présidents actuel, entrant et sortant de l’UA – de revitaliser son engagement auprès des deux parties au conflit et a demandé à la Commission de l’UA de prendre les mesures nécessaires pour rouvrir le bureau de l’UA dans la ville de Laayoune, administrée par le Maroc, afin de réactiver le soutien de l’UA à une solution politique.
Questions et options clés
L’une des questions clés pour le Conseil est de savoir comment redynamiser le processus politique, le dernier cycle de pourparlers entre les parties datant de mars 2019. À cet égard, et compte tenu des tensions actuelles, la question de trouver un successeur à l’ancien envoyé personnel du Secrétaire général est devenue plus pressante. Le poste est vacant depuis que l’ancien président allemand Horst Köhler a quitté ses fonctions pour des raisons de santé en mai 2019. Köhler avait initié une série de tables rondes, réunissant le Maroc, le Front Polisario et les pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie. Tant le Maroc que le Front Polisario semblent avoir posé des conditions sur le profil d’un éventuel successeur, ce qui est susceptible d’avoir remis en cause la recherche d’un candidat approprié.
Les membres du Conseil pourraient demander au Secrétaire général d’accélérer la recherche et la nomination d’un nouvel envoyé et de s’enquérir des options permettant de rétablir le dialogue politique. Ils sont également susceptibles d’appeler les deux parties à revenir au respect de l’accord de cessez-le-feu et à prendre des mesures pour une désescalade immédiate.
Une autre question importante, décrite dans le rapport de la MINURSO du 23 septembre 2020 du Secrétaire général, est la difficulté pour la MINURSO d’accéder à la zone contrôlée par le Polisario à l’est du mur de sable qui sépare les zones sous contrôle marocain et du Polisario. Les membres du Conseil peuvent s’enquérir des progrès de la mission dans le rétablissement de la coopération pour accéder aux sites situés dans cette zone, ainsi que de la mesure dans laquelle la mission engage les parties à désescalader les tensions actuelles.
Les défis permanents posés par le COVID-19 sont une autre question clé. Les membres du Conseil voudront peut-être entendre parler de l’impact du COVID-19 sur la population, de la manière dont le virus affecte les activités de la MINURSO et de la façon dont la mission répond à ce défi.
Le Conseil et les dynamiques plus larges
La prochaine réunion sur le Sahara Occidental sera la première sur cette question depuis l’entrée en fonction de la nouvelle administration américaine. L’investiture du président Biden a été suivie de nombreuses spéculations quant à savoir si la nouvelle administration reviendrait sur la décision de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. En avril 2018, les États-Unis, en tant que porte-plume, ont choisi de réduire le cycle du mandat de 12 à six mois. Cette décision a été annulée avec un retour à un mandat de 12 mois en octobre 2019. Les adoptions de mandats de la MINURSO n’ont pas été unanimes depuis 2017. La Russie et l’Afrique du Sud, ancien membre du Conseil, se sont toutes deux abstenues lors du vote sur le mandat actuel de la MINURSO. La Russie a cité des préoccupations concernant le manque de référence au droit à l’autodétermination dans les mandats récents, tandis que l’Afrique du Sud a exprimé une préférence pour un mandat de six mois et la nécessité pour la MINURSO d’avoir une composante droits de l’homme.
Security Council Report, 31 mars 2021
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