par El-Houari Dilmi
Dix nouvelles circonscriptions du sud du pays ont été érigées en wilayas à part entière. Cette recomposition géo-administrative est venue pour corriger les errements d’une politique d’aménagement du territoire tatillonne et peu adaptée au plus vaste pays du continent. Véritable trésor grandeur nature de l’Algérie utile, il serait inutile de rappeler que le Grand Sud algérien a toujours été le dernier de la classe dans la redistribution de la gigantesque rente, tirée des revenus des énergies fossiles du pays. Peu d’argent a été consacré au développement des régions du Sud. Un peu comme celui qui verse une goutte d’eau dans un océan, quand on prend la réelle mesure de l’argent fou englouti par l’Algérie depuis le recouvrement du soleil de la liberté.
Le chômage qui sévit à l’état endémique dans les régions du Sud est la preuve de la redistribution inéquitable des richesses du pays. Le spectacle désolant de ces jeunes de Ouargla, qui adoptent des manières peu habituelles pour réclamer du travail, est un signe inquiétant. D’autres jeunes chômeurs de la région du Mzab réclament la recomposition géo-administrative qui aujourd’hui exclut la wilaya du Mzab des zones gazières de Hassi R’mel et pétrolifères de Hassi Messaoud, appartenant toutes deux aux wilayas limitrophes de Laghouat et Ouargla. Autre question des plus lancinantes, celle de savoir pourquoi la plus grande portion du pays est toujours considérée comme «inutile» face à l’Algérie «utile» du nord du pays.
Au-delà de la logique froide, presque scélérate, des chiffres, comment prendre confiance en l’avenir quand on connaît l’insignifiance de l’argent octroyé au développement des vastes régions du Sud en soixante ans ? Seul un partage équitable de la richesse du pays entre tous les Algériens demeure comme l’un des moyens de projeter le pays vers des horizons salvateurs. La preuve par neuf: ces wilayas du Sud, comme El Oued et Biskra, qui produisent près de la moitié du garde-manger national. Une autre raison pour que le malaise et le mécontentement qui couvent dans les régions du Sahara algérien doivent être urgemment pris en compte par les autorités centrales.
Le Quotidien d’Oran, 1 avr 2021
Etiquettes : Algérie, recomposition administrative, découpage administratif, élections,