Algérie : Les blouses blanches voient rouge

Les syndicats de la santé broient du noir ces dernières semaines, blasés par les tergiversations de la tutelle à concrétiser les instructions de la présidence de la République quant à la prise en charge de leurs revendications socio-professionnelles. Ils comptent débrayer pour forcer la main à la tutelle et attirer l’attention du locataire d’El Mouradia.

Le SNECHU (Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires), le SNPSP (Syndicat national des praticiens de santé publique) et le SAP (Syndicat algérien des paramédicaux) ont décidé de reprendre le mouvement de protestation.
Selon un communiqué rendu public mardi soir, le consortium syndical prévoit d’observer une grève nationale le 7 avril prochain comme première action de protestation contre «la non-concrétisation des directives du président de la République concernant l’amélioration des conditions de travail». Les syndicats dénoncent aussi la dégradation de la situation socioéconomique du personnel de la santé.

«Aujourd’hui, le constat demeure amer. Aucune perspective. Après une année de lutte continue contre la pandémie Covid-19, le personnel de la santé, épuisé, tous corps confondus, est déçu de la non-concrétisation sur le terrain des directives du président de la République concernant l’amélioration des conditions de travail ainsi que la situation socio-économique de ce corps», lit-on dans le communiqué.

Le consortium syndical rappelle, dans ce sens, l’ensemble des mesures de restructuration totale du système national de la santé annoncées en avril 2020 par le président de la République afin d’améliorer la qualité des soins prodigués au sein des structures sanitaires ainsi que les conditions de travail du personnel de la santé, en plus de l’octroi d’une prime d’encouragement. On précise, à ce propos, qu’aucune des mesures prévues dans le cadre des réformes du secteur de la santé n’a vu le jour. Les organisations syndicales s’indignent de la décision de gel, depuis le mois de septembre dernier, de la prime accordée au corps de la santé par le chef de l’Etat en guise de mesure incitative dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.

«L’inflation galopante a totalement érodé le pouvoir d’achat des soignants, entraînant la détérioration du niveau de vie», regrettent les signataires du communiqué, ajoutant que les syndicats, en l’occurrence le SNECHU, le SNPASP et le SAP, avaient tiré, en juillet dernier, la sonnette d’alarme quant «à la gestion catastrophique de la crise sanitaire pas la tutelle sans impliquer les véritables acteurs du terrain».
La même source a fait également état des conditions de travail «désastreuses», notamment le manque de moyens et le burn out que vivent chaque jour les blouses blanches.

Toujours dans le cadre des réformes devant être engagées dans ce secteur, les syndicalistes évoquent la nécessité de soumettre les statuts des établissements de la santé à une réflexion à même de mettre en place la fonction publique hospitalière.
De même, les trois syndicats dénoncent les contraintes imposées par certains responsables de l’administration à l’activité syndicale dans plusieurs wilayas.

«Au moment où nous espérons que toutes les revendications de nos adhérents, pour lesquelles nous militons depuis des années, soient concrétisées, surtout après tous les sacrifices dont ils font part depuis le début de la pandémie, voilà qu’à notre grande déception, nous nous retrouvons au point zéro», relèvent-ils.

Selon la même source, le débrayage prévu la semaine prochaine sera suivi, en cas de non-satisfaction des revendications, d’autres actions, d’autant plus que la pandémie de la Covid-19 est venue révéler davantage, estiment-ils, la défaillance du système de santé, tant décrié par les syndicats.

Le Jeune Indépendant, 31 mars 2021

Etiquettes : Algérie, santé, médecins, infirmiers,

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