Fermeture des ports secs non conformes à la réglementation
Depuis plus de 7 mois, l’Algérie vit au rythme des rumeurs de rupture de stock de ou de tel produit alimentaire de large consommation, les pénuries en tout genre, notamment celle des liquidités, et une hausse des prix, qui ont mis des millions d’Algériens dans le désespoir.
Durant cette longue périodes, plusieurs ministres se sont succédé pour rassurer une population, qui ne croit plus à rien, surtout pas aux promesses d’un gouvernement à l’évidence dépassé par les évènements, que tous les problèmes vont trouver des solutions. Une inflation de déclaration et peu d’actes aux effets durables ! L’impression d’impuissance dégagée par la situation vient d’être confirmée par le ministre du Commerce.
Kamel Rezig avait reconnu publiquement le poids et la prépondérance de quelques barons de la spéculation, dont l’activité englobe entre autres le transbordement des marchandises destinées au marché algérien vers les hangars des grossistes. Cette activité est domiciliée, en grande partie, aux ports secs. C’est sur ces terrains, dont certains sont sommairement aménagés, que le gouvernement a décidé de « jouer » sa dernière carte, en s’attaquant à un des centres névralgiques où sont actées des transactions à coup de milliards de dinars.
La dernière note des Douanes algériennes demandant aux importateurs de « procéder immédiatement à la suspension ou le maintien de la suspension des transferts des marchandises vers les dits ports secs », le démontre. Ainsi, l’Exécutif a finalement pris le taureau aux cornes et a décidé de frapper fort. Pour quel résultat ? On le saura. Les Douanes algériennes ont évoqué «la « sauvegarde des intérêts du Trésor, des deniers publics et les intérêts des tiers », tout en rassurant que ses équipes œuvrent actuellement à la prise en charge des marchandises, qui se trouvent dans ces espaces. Cette « opération d’assainissement », selon les termes utilisés dans la note, « entamée en juin » a atteint un stade avancé ».
La fermeture des ports secs concernés va certainement conduire à un surplus de charge au niveau des ports maritimes. Assez compliqué comme manœuvre face aux barons du commerce extérieur, dont la puissance, a fait tomber des gouvernements depuis octobre 1988. Ce n’est pas de la vielle histoire ! Même si le « feuilleton » a été interrompu pendant les années fastes du bouteflikisme, il reprend aujourd’hui avec plus d’intensité.
La mauvaise santé financière du pays, les dysfonctionnements économiques, la crise politique, le tout couronné par une épidémie sans frontières, ont abouti à des scénarios identiques à ceux vécus du temps de Merbah et Abdeslam.
Après tout, les ports secs ne sont qu’un stade intermédiaire du circuit. La neutralisation des pratiques illicites dans ces espaces, n’est qu’une étape dans la lutte contre les financeurs de la grosse spéculation.
Mohamed Mebarki
L’Est Républicain, 31 mars 2021
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