Depuis quelque temps, Paris n’hésite pas à se prononcer et à lancer des initiatives sur des questions délicates concernant les relations entre l’Afrique et la France.
La France porte des « responsabilités lourdes et accablantes » dans le génocide au Rwanda ceci même si « rien ne vient démontrer » qu’elle s’est rendu complice du drame… voilà en substance la conclusion à laquelle sont parvenus les historiens ayant remis le rapport Duclert au président français Emmanuel Macron.
Pour Paris ce rapport « marque une avancée considérable » pour comprendre l’engagement français au Rwanda. Kigali salut pour sa part « un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France ». Mais pour l’ancien ministre malien de la justice, Me Mamadou Ismaïla Konaté ce geste est un pas pour aller plus loin.
« Les rapports de la France avec les Etats africains doivent faire l’objet de discussion désormais, comme cela a été le cas pour le Rwanda.Comme cela doit être le cas dans la plupart des Etats dans lesquels la France est intervenue. Les rapports nouveaux de la France et l’Afrique doivent s’installer dans ce contexte de réalisme, de clarté, de perspicacité et surtout de reconnaissance mutuelle de ce que nous sommes en tant que Nation » estime t-il.
D’autres déclarations et actions
Avant ce rapport sur le Rwanda, il y a eu le rapport Stora portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie et l’annonce de Paris de poser des actes symboliques tout en excluant toutes formes de repentance ou d’excuses. Sur le plan économique, en 2019 le président Emmanuel Macron s’était montré favorable au remplacement du franc CFA en Afrique de l’Ouest par l’Eco et la suppression de la réserve d’argent des Etats africains domiciliée au Trésor français. Autre acte important, il a dit oui à la restitution des biens culturels africains spoliés. Une promesse qui s’est concrétisée notamment par le retour du sabre dit d’El Hadj Omar Tall au Sénégal. D’autres objets doivent être rendus au Bénin. Plus récemment encore, le président français avait créé la surprise en affirmant que l’hexagone avait une dette envers la Libye toujours en crise après l’intervention occidentale en 2011.
Pour Stéphane Akoa chercheur à la fondation Paul Ango Ela basée au Cameroun cette série de déclaration et d’action à tout son sens.
» Les figures dominantes de la classe politique française actuellement n’ont pas connu la guerre d’Algérie, n’ont pas connu la décolonisation et par conséquence peuvent prétendre à une relation décomplexée entre l’Afrique et la France. Monsieur Macron comme un peu avant lui, Monsieur Sarkozy peuvent s’attaquer à la question coloniale, on va dire, la question de ce détachement nécessaire entre la France et l’Afrique avec d’autres acquis, d’autres atouts un autre regard » explique t-il.
Une relation décomplexée que la France devrait mettre à nouveau en avant en juillet prochain lors du 28 ème sommet Afrique- France à Montpellier. Et c’est l’historien camerounais Achille Mbembe, pourtant très critique envers Emmanuel Macron, que ce dernier a sollicité pour préparer les échanges avec la société civile lors de la rencontre.
DW, 29 mars 2021
Etiquettes : France, Afrique, Rwanda, Libye, Algérie,
Soyez le premier à commenter