La cake designer Stéphanie Guérin a quitté la Vienne avec mari et enfant pour ouvrir un riad à Marrakech. Les restrictions sanitaires leur compliquent la vie, mais ils ne regrettent rien.
Quitter son boulot, vendre sa maison et partir au soleil. Beaucoup en rêvent. Peu passent à l’acte. Stéphanie Guérin est tombée amoureuse du Maroc en 2014 en participant une première fois (d’autres ont suivi) au rallye féminin humanitaire Roses des Sables. « On aime le pays, la population, l’état d’esprit, les conditions de vie, l’accueil, la chaleur, le climat… », s’enflamme Stéphanie Guérin.
Quelques années plus tard, les enfants ont grandi et sont installés, le petit dernier, Elouan, a 10 ans. Go ! « Ce projet mûrit depuis cinq ans. Pendant deux ans, nous sommes allés tous les mois au Maroc et avons visité une centaine de riads pour trouver notre bonheur au coeur de la Medina, près du palais royal, un quartier très vivant et sécurisé. On a choisi Marrakech à 2 h 30 de Poitiers grâce aux vols depuis Tours ou Nantes », raconte Stéphanie Guérin.
« Nous n’avons aucun regret d’avoir cru en nos rêves ! »
Le couple vend sa maison à Saint-Julien-l’Ars et cesse ses activités : en mars 2020, Stéphanie Guérin transmet son entreprise de cake designer (Cooking Steph) à sa fille Jodie. Patrice, son mari, plaquiste menuisier arrête également. Tout est prêt, même la date de signature : le 8 avril 2020. Mais voilà, le Covid-19 est un gros caillou dans la chaussure.
La famille, qui devait s’installer à Marrakech début juillet, se retrouve coincée en France, sans travail, sans maison. Deux mois d’errance et enfin, le sésame du consulat du Maroc. « Comme j’avais créé mon entreprise en mars, nous avons obtenu une autorisation. »
Le 12 septembre 2020, emménagement sous le soleil et début des travaux pour aménager le riad et ses six suites. « On a tout refait à la traditionnelle avec des artisans de la médina et pu ouvrir le 5 décembre », raconte la Poitevine.
Quelques clients découvrent le riad Heklek. Des formules clés en mains sont proposées aux touristes, jusqu’à début janvier. Coup d’arrêt au tourisme. Le Maroc a fermé ses frontières à une quarantaine de pays (dont la France) pour éviter la circulation du variant anglais. La France, elle, empêche tout déplacement sauf motif impérieux.
« Toutes les réservations prévues en février, mars et avril ont été annulées. Le Maroc vit une crise économique terrible. Et les Marocains n’ont pas la chance d’avoir des aides… » La famille Guérin vit sans salaire depuis un an, sans revenu depuis les derniers touristes de janvier, mais ne se plaint pas et croit à un avenir meilleur : la vaccination bat son plein.
Gâteaux roue de secours
« La vie reste douce et peu chère, si ce n’est l’école française de notre fils. On espère que les touristes reviendront après les vacances de Pâques. »
Et il y a les gâteaux : Cooking Steph renaît à Marrakech depuis quelques semaines. « Je n’ai pas de matériel, j’utilise mon expérience et mon savoir-faire, je fais toutes les compotées de fruits, mes recettes plaisent. Je suis en contact avec des chefs marocains pour des sessions de formation. » Une roue de secours bienvenue en attendant le retour des touristes.
Et si c’était à refaire ? « Les conditions de vie sont magiques. On se sent chez nous. Même en connaissant la situation, on le ferait. Nous n’avons aucun regret d’avoir cru en nos rêves ! »
Centre Presse, 30 mars 2021
Etiquettes : Maroc, riad, tourisme, hôtellerie, logement, séjours, location,