Le discours de la haine recouvre de nombreuses formes d’expression qui le propagent, l’encouragent, le promeuvent ou le justifient. Il est souvent générateur de violence et de discrimination envers une personne ou un groupe de personnes, menaçant gravement une société démocratique et l’État de droit, si rien n’est fait pour le combattre. Les faits le prouvent. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est déclaré tout récemment profondément préoccupé par la montée de la violence contre les Asiatiques et les personnes d’ascendance asiatique durant la pandémie de Coronavirus.
Le monde a été témoin d’attaques, de harcèlement verbal et physique, d’intimidations dans les écoles, de discrimination sur le lieu de travail, d’incitation à la haine dans les médias et sur les plateformes de médias sociaux, de propos incendiaires de la part de gens qui s’ingénient à propager le discours de la discorde et de la rancune, en stigmatisant à tour de bras des personnes et des groupes.
L’Algérie, il convient de le souligner, combat, depuis l’indépendance, dans toutes ses Constitutions et ses lois, la discrimination qu’elle qualifie d’inhumaine. Elle œuvre également sans relâche à inculquer au sein de la société le rejet de toutes les manifestations de ce mal, aussi bien en paroles qu’en actes. La célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale est une occasion propice pour rappeler l’exigence permanente d’une consolidation de la culture de la tolérance et de l’égalité, à la faveur de la Convention internationale sur l’élimination de toute discrimination raciale ou autre.
Il faut se réjouir, à ce titre, de l’appel à la relance de l’Observatoire national de prévention de la discrimination et du discours de la haine, créé en vertu de la loi 20-05 d’avril 2020 et placé auprès du président de la République Abdelmadjid Tebboune. Une loi qui criminalise le racisme, le régionalisme et le discours de la haine. Les pouvoirs publics et les citoyens ont pu constater, il n’y a pas si longtemps, une vague d’intolérance et d’exhortation à la discorde. Cela prouve que nul n’est à l’abri des méfaits de ce phénomène qui ressurgit souvent en période de crise. L’épidémie de la Covid-19 l’a amplement démontré. La nécessaire riposte ne signifie pas attenter à la liberté d’expression ou d’opinion.
La Constitution algérienne protège ces droits et veille à leur exercice. Tout le problème est de parvenir à juguler ce discours, dont la propagation ou la permissivité pourrait engendrer des conséquences extrêmement graves à l’encontre de la sécurité nationale et affaiblir dangereusement la cohésion citoyenne.
L’internet est un vecteur de communication qui ne saurait se transformer en une zone de non-droit. Faut-il rappeler que le peuple algérien a souffert, durant la décennie noire, des dérapages de tribuns et d’apprentis sorciers aveuglés par l’agressivité de leurs causeries. Il s’avère donc utile d’accomplir un travail de pédagogie et de sensibilisation assidu, notamment auprès des jeunes ou des utilisateurs du numérique. Les vecteurs de la communication, la société civile, les dirigeants politiques, les hommes du culte ont un rôle essentiel à jouer dans ce patient travail d’éveil des consciences.
El Moudjahid, 23 mars 2021
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