La légalisation annoncée de la production à usage thérapeutique au Maroc met fin à une hypocrisie. Et ouvre le pays sur un marché mondial.
Cela promet de bouleverser le marché du cannabis. Le gouvernement a approuvé, le 11 mars, un projet de loi autorisant un usage « médical, cosmétique et industriel » du « kif », comme on l’appelle au Maroc. Concrètement, le texte qui doit être voté prochainement au Parlement légalise la production et la consommation à usage thérapeutique, comme l’ont déjà fait plusieurs pays.
Mais ici, elle met fin à une vaste hypocrisie. Personne n’ignore que le Maroc est le leader mondial de la production de résine de cannabis (700 tonnes en 2019), produite à partir des 55 000 hectares de plantes cultivées essentiellement dans le Rif. L’activité illégale, bien que très visible, y fait vivre des dizaines de milliers de familles. Elle rapporterait quelque 19 milliards d’euros, en grande partie empochés par les trafiquants, qui alimentent le marché européen.
En légalisant l’usage thérapeutique, le Royaume entend encadrer la production, sans oublier de la taxer au passage. Il s’agit de « convertir les cultures illicites destructrices de l’environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d’emplois ». Une Agence nationale de régulation sera chargée de « développer un circuit agricole et industriel » et de contrôler toute la « chaîne de production ».
C’est aussi une affaire de gros sous. Le marché mondial et légal du cannabis thérapeutique est en pleine expansion : rien que pour l’Europe, on n’est pas loin du milliard d’euros, sur lequel lorgne notamment Israël. Or le Maroc dispose d’atouts indéniables ; savoir-faire des agriculteurs et proximité du marché…
Ouest France, 20 mars 2021
Tags : Maroc, cannabis, haschich,
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