par El-Houari Dilmi
Scénario désormais classique, chaque année, à l’approche du mois de Ramadhan, des «mesures exceptionnelles» sont prises pour assurer le repas du f’tour des Algériens en priorité première. Comme si se sustenter durant le mois de tous les soucis devenait une «urgence nationale» pour les pouvoirs publics, une mobilisation générale est décrétée pour espérer passer sans trop d’écueils une période supposée être celle de l’abstinence et de la piété. Ainsi pour la pomme de terre, ce tubercule indispensable dans la cuisine de la ménagère, de grandes quantités ont été déstockées pour réguler les prix, de même que les viandes rouges qui seront importées pour tenter d’agir à la baisse sur les prix prohibitifs des produits carnés. Et même s’il est vrai que la demande durant le mois de carême explose comparée au reste de l’année, une bonne organisation du circuit des approvisionnements en produits alimentaires n’est pas nécessaire pendant un seul mois mais bel et bien tout au long de l’année.
Outre les tracas posés par la fourniture de nourriture, en quantités suffisantes, à tous les Algériens, vient s’ajouter un autre casse-tête pour les autorités, celui de la gestion de la pandémie de Covid-19 durant un mois exceptionnel par nature. Coïncidant avec le printemps, le Ramadhan de cette année sera ensoleillé et donc propice aux flâneries et autres shoppings diurnes comme nocturnes, au moment où la bataille contre l’épidémie est loin d’être gagnée, avec l’arrivée de nouveaux variants et un relâchement inquiétant quant au respect des mesures barrières. Et comme il est certain, rituel habituel, de ne pas voir nos concitoyens se départir de leurs habitudes comportementales durant le mois de Ramadhan, marquées par une forte affluence dans les marchés et autres espaces publics, le retour de manivelle risque bien de se montrer décisif, surtout avec l’inquiétante vitesse de circulation des nouveaux variants du coronavirus.
Et avec la reconduction, depuis hier, des mesures de confinement sanitaire pour 16 wilayas sur 58, le non-respect des règles de prévention risque bien d’influer dangereusement sur la trajectoire de l’épidémie plus ou moins bien contenue jusque-là, surtout qu’il a été prouvé l’existence d’une forte corrélation entre la propagation du Covid-19 et les négligences liées au comportement des citoyens. L’heure est donc à la vigilance, et pas seulement durant le mois de Ramadhan.
Le Quotidien d’Oran, 18 mars 2021
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