par Abdelkrim Zerzouri
Les législatives anticipées du 12 juin prochain ont-elles sonné le glas de l’implosion des partis de l’opposition ? A moins de trois mois de cet important rendez-vous électoral, le silence et l’hésitation imprègnent les positions de ces partis qui n’ont jamais raté l’occasion, presque dans leur globalité, de mener campagne pour glaner des sièges à l’hémicycle du Boulevard Zighoud Youcef. Les raisons de la participation aux élections législatives et locales des partis de l’opposition, même si on se permet de boycotter d’autres rendez-vous électoraux, sont claires, dont le gain financier ou les salaires mirobolants des députés et autres élus locaux qui réussiraient à s’emparer des fauteuils de responsabilités bien rémunérés (maires, vice-présidents et autres présidents de commissions), en sus de la pratique qui exige des élus de reverser une partie de leurs salaires dans les caisses du parti afin de lui permettre d’assurer son fonctionnement, ainsi que la recherche de l’aura ou l’immunité parlementaire, le maintien du lien de proximité avec le citoyen et l’opportunité de disposer d’une tribune politique pour faire entendre leur voix.
Mais, cette fois-ci, le rendez-vous tombe mal pour ces partis de l’opposition, qui se trouvent dans l’embarras face à leurs militants et face au hirak, qui rejettent, eux, présentement toute idée de se joindre à ce rendez-vous électoral ou à d’autres. La médaille est brûlante d’un côté et est cuisante de l’autre. Les divisions commencent à apparaître dans certains partis, poussant les chefs de partis et les cadres dirigeants à se confiner dans un silence gênant concernant la participation ou la non participation aux législatives anticipées du 12 juin prochain. On tente par-ci et par-là d’expliquer que la décision, de participer ou non, appartient aux instances ou conseils des partis, mais au fond cela montre combien la décision n’est pas facile à prendre, ou qu’il peut exister des pour et des contre équilibré au sein de ces partis, qu’on devrait régler par un vote face à l’absence d’unanimité. Car, au sein des partis où la question est clairement tranchée, les positions se sont vite exprimées, aussi bien les pour que les contre (un seul parti contre, pour le moment, en l’occurrence le PT).
Dans cet ordre d’idées, il n’est pas exclu que ceux qui sont pour la participation et qui ne trouveraient pas de répondant au sein de leurs partis pourraient chercher ailleurs leur ombre, ou se présenter en indépendants. Là, on ne serait pas loin de l’implosion de ces partis. La nature ayant horreur du vide, à moins de changer de cap, d’abandonner la protesta de la rue et se présenter aux urnes, plusieurs partis courent vers leur perte à travers une longue absence de la scène, le temps d’un mandat législatif ou municipal, en laissant le champ libre à d’autres.
Ainsi, de nombreuses questions d’essence purement politique planent sur les législatives anticipées du 12 juin prochain. En premier lieu, donc, la participation des partis politiques à ces joutes électorales, qui est pour et qui est contre ? Alors que le rendez-vous avance à grands pas, avec un intervalle du mois de Ramadhan en cours de route, où l’activité politique est généralement en berne, comme toute autre dynamique socioéconomique, les partis politiques se cherchent encore un centre de gravité autour duquel s’articulerait leur manœuvre.
Le Quotidien d’Oran, 17 mars 2021
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