Les mises à niveau des relations existantes ne sont que des mises à niveau et rien de plus. Le terme « accords de paix » est mal choisi lorsqu’il est appliqué à de telles améliorations.
par Paul R. Pillar
Israël poursuit l’expansion de sa présence diplomatique dans le Golfe Persique en promouvant, selon un rapport de la chaîne de télévision israélienne i24News, une « alliance de défense » qui inclurait Israël, Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Les membres arabes potentiels de l’alliance semblent hésiter à s’engager aussi profondément dans le giron d’Israël, mais cette initiative met en perspective la récente amélioration des relations entre Israël et plusieurs États arabes.
Peu de développements ont été aussi exagérément loués que cette amélioration, à laquelle quelqu’un a attribué l’auguste appellation « Accords d’Abraham », comme si l’harmonie avait soudainement éclaté entre les adhérents des religions monothéistes du monde. Certes, en général, il est préférable pour tous les pays d’une région d’avoir des relations complètes avec tous les autres pays de la région que de ne pas en avoir, ne serait-ce que pour avoir l’assurance que les gens se parlent. Mais le principal moteur des hosannas pour l’amélioration des relations israélo-arabes n’est pas un quelconque élan de bonne volonté et de paix. Il s’agit plutôt du fort désir du gouvernement israélien de démontrer que l’aggravation continue de son conflit avec les Palestiniens et la poursuite de l’annexion de facto du territoire habité par les Palestiniens ne condamneront pas Israël au pariahdom.
Ce que souhaite le gouvernement israélien affecte de manière significative, bien sûr, la manière dont toute question est traitée dans le discours politique américain. Dans le cas qui nous occupe, ce lien était particulièrement visible sous l’administration Trump, qui a mis en avant les améliorations de la relation non seulement pour attirer les électeurs qui suivent le gouvernement israélien, mais aussi pour revendiquer les améliorations comme des « réalisations » de politique étrangère dans une présidence qui en compte peu.
Il convient de rappeler que l’administration Trump a dû soudoyer les gouvernements arabes pour qu’ils établissent des relations diplomatiques complètes avec Israël. Pour les Émirats arabes unis, le pot-de-vin consistait en des avions de chasse furtifs F-35 et d’autres équipements militaires avancés. Pour le Soudan, c’était le retrait d’une liste de terroristes. Pour le Maroc, il s’agissait de la fourniture d’armes supplémentaires et de l’abandon de la neutralité américaine de longue date dans le conflit du Sahara occidental. Les pots-de-vin démontrent que l’amélioration des relations n’a pas été précipitée par de nouvelles intentions pacifiques de la part des parties concernées.
Les améliorations des relations existantes sont exactement cela, et rien de plus. Aucun des États arabes concernés n’était en guerre contre Israël. Ils coopéraient déjà de manière significative avec Israël, y compris sur des questions de sécurité, même sans relations diplomatiques complètes. Le fait que l’Arabie saoudite aurait discuté avec Israël d’une « alliance de défense » en l’absence de relations diplomatiques complètes montre que ces relations ne sont guère le facteur déterminant de paix ou de guerre dans les relations avec Israël. Le terme « accords de paix » est mal choisi lorsqu’il est appliqué à de telles mises à niveau.
Paul Pillar retired in 2005 from a twenty-eight-year career in the U.S. intelligence community, in which his last position was National Intelligence Officer for the Near East and South Asia. Earlier he served in a variety of analytical and managerial positions, including as chief of analytic units at the CIA covering portions of the Near East, the Persian Gulf, and South Asia. Professor Pillar also served in the National Intelligence Council as one of the original members of its Analytic Group. He is also a Contributing Editor for this publication.
The National Interest, 14 mars 2021
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