par El-Houari Dilmi
Le moule d’un discours ne sert bien qu’une fois, dit l’adage. A l’approche de chaque échéance électorale, les speechs électoraux sont de retour pour venir tirer des plans sur la comète, sans proposer des solutions viables aux problèmes que vit le pays depuis bien longtemps déjà.
Dressant un tableau des plus sombres de la situation du pays pour les uns, des «recettes miracles» pour les autres, une bonne partie du personnel politique du pays a eu, pourtant, suffisamment de temps pour proposer un projet de société alternatif à celui du pouvoir qu’elle décrie, mais avec lequel elle cohabite «sans heurts» depuis plus de trente ans. Tous les indicateurs du pays sont au rouge, un secret de polichinelle que certaines formations politiques rabâchent depuis des lustres. S’il fallait encore une preuve du délabrement de la classe politique et son incapacité avérée à proposer une alternative crédible aux différents pouvoirs qui se sont succédé, est qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux, tant une bonne partie du personnel politique du pays fait partie du problème et non de la solution.
Depuis bien longtemps, les Algériens sont fatigués de ces discours éculés, développés par nos hommes politiques de divers horizons, sans jamais arriver à faire mieux que ceux qu’ils vitupèrent, encore moins influer sur le cours de l’Histoire en marche. Faire table rase du lourd passif, hérité de plusieurs décennies de navigation à vue, n’est pas simplement un discours servi en boucle aux Algériens blasés, mais la capacité à produire des idées pour se projeter dans l’Algérie que l’on veut «nouvelle», une Algérie dont les contours généraux commencent certes à se dessiner, mais le chemin reste long, encore très long. Même s’il est vrai que la prochaine législature ne peut pas raisonnablement être la panacée au cumul d’un tas de problèmes que vit le pays, c’est quand même mieux pour celui qui a manqué une descente d’essayer la montée. Et c’est peut-être pour cette raison justement que les élites urbanisées restent totalement coupées des réalités de l’arrière-pays profond qui, lui, sait très bien que la sagesse n’est jamais du côté de celui qui parle, mais bien de celui qui tente de faire bouger les lignes dans un pays où l’on continue toujours à poser le diagnostic sans jamais réfléchir à la bonne thérapie.
Le Quotidien d’Oran, 15 mars 2021
Tags : Algérie, éléections législatives, propagande électorale, partis politiques,