Par Mohamed K.
Comme attendu, la création récente d’une coalition de plusieurs dizaines d’organisations et d’associations de la société civile est très mal perçue par les partis politiques, notamment ceux qui se targuent d’être dans l’opposition.
Pour beaucoup, l’annonce de cette coalition à l’approche des législatives anticipées par un proche conseiller du chef de l’Etat est un signe qui ne trompe pas. Le parallèle avec l’histoire de la naissance du fameux RND, un bébé avec des moustaches, quelques mois avant les législatives de 1997, est vite fait.
A cette époque, le pouvoir n’a pas attendu longtemps pour créer sa propre base de soutien et une assise politique dans les assemblées élues. Acculé par des dérives autoritaires, affaibli économiquement, isolé à l’étranger et concentré uniquement sur sa lutte contre le terrorisme, le pouvoir s’est retrouvé face à lui-même politiquement quand des partis conservateurs, nationalistes ou islamistes modérés ont fait la jonction à travers une rencontre à Rome dite du contrat de Sant-Egédio. Le FLN, allié au FFS et aux autres formations ont refusé de cautionner une démarche politique qui avait commencé dés la démission de l’ancien président Chadli Bendjedid.
Selon certains observateurs, on est en train de revoir le même film, avec juste quelques séquences changées dans le scénario d’origine. Après les virulentes critiques dans les réseaux sociaux, c’est au tour du MSP de réagir ce mercredi à travers un communiqué de son bureau national.
Pour son patron Abderezzak Makri, il s’agit d’une nouvelle ruse politique, mettant en garde le pouvoir contre la tentation de “chercher à fabriquer un paysage politique et social de façon verticale et de poursuivre la politique du fait accompli”. Dans un passage très significatif, Makri estime que ce Nida el watan sera “issue des poches de l’opportunisme, du carriérisme des clientèles et des parasites qui va mettre à mal l’exercice politique et exacerber la crise au lieu d’y apporter des solutions”.
Faisant une lecture sur les motivations politiques de la résurgence de cette nouvelle entité, sous l’appellation de Nida El Watan, le parti islamiste dans son communiqué, souligne encore que « la pratique politique qui consiste à mobiliser les moyens de l’Etat en faveur de certaines organisations dites de +la société civile+, à l’approche des élections législatives afin de promouvoir des forces et des initiatives politiques au niveau national et local est une manœuvre flagrante que nous rappelle des pratiques du passé dont on mesure les conséquences aujourd’hui », dans une allusion claire aux péripéties de la naissance du RND, il y a plus de vingt trois ans et son écrasante victoire aux législatives et aux communales dans la même année.
Le parti de Abderazk Makri rappelle que la société civile n’a pas vocation à faire de la politique et que son rôle fondamental et d’être le porte-parole de la société pour faire avancer ses préoccupations auprès des autorités locales et nationales.
A propos de la loi électorale, le communiqué du MSP dénonce la poursuite de la « politique des quotas » sous une autre forme, à travers l’imposition des pourcentages de femmes , de jeunes et d’universitaires dans les futures listes électorales et redoute l’émergence d’un parlement « sans efficacité et sans expérience ».
Pour rappel, « Nida El Watan » est une addition d’organisations de la société civile, annoncée samedi dernier par Nazih Benramdane, le conseiller du président de la République en charge de la société civile et de la communauté à l’étranger.
Cette sortie du MSP sonne comme une rupture pour le parti islamiste, qui après avoir joué à la modération, voire de la bienveillance, durant de longs mois, vient de prendre un autre cap, celui du refus net de cette coalition nouvelle. Makri se met déjà, bien à l’avance, dans la peau d’un opposant total à la feuille de route du président de la république Abdelmadjid Tebboune.
Avec ces critiques, le MSP semble maintenant refuser toute possibilité d’un consensus politique, aussi bien avec la nouvelle mouvance Nida El Watan, qu’avec les autres formations politiques qui se sont inscrites dans la démarche imaginée par Tebboune.
Le Jeune Indépendant, 11 mars 2021
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