The Mauritanian est un dur souvenir de la guerre d’Irak en cours

Dans The Mauritanian, les gens ne cessent de regarder leur reflet – le leur, celui d’un membre de leur famille dans un rétroviseur. Cela se produit plusieurs fois rien que dans les premières minutes. La métaphore est appropriée dans un film axé sur le reflet, avec le sentiment que rien n’a vraiment changé.

The Mauritanian (actuellement à l’affiche au AMC Waterfront et disponible à la location sur Amazon Prime) raconte fidèlement l’histoire vraie de Mahamedou Ould Salahi, la première personne à avoir écrit ses mémoires alors qu’elle était emprisonnée au camp de détention de Guantanamo Bay. (Le film est en partie basé sur son Journal de Guantanamo). Malgré les preuves douteuses (au mieux) de ses crimes présumés, il a été détenu pendant 14 ans sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.

Le film est centré sur la bataille juridique pour et contre lui, avec les rouages d’un thriller juridique classique. Ce n’est pas une mauvaise chose, mais Le Mauritanien ne cherche pas à réinventer la roue dans sa façon de raconter son histoire. Il reprend consciencieusement toutes les notes du genre, avec des avocats déterminés qui épluchent des dossiers, des concours de pisse entre des personnes gagnant des salaires à six chiffres, et des discours passionnés sur l’obligation morale du système juridique qui vous donnent un peu trop d’espoir.

Les performances sont à la hauteur de l’attitude laborieuse du film et contribuent à rehausser un matériau dont on connaît tous les rebondissements et les moments forts. La révélation ici est Tahar Rahim dans le rôle de Salahi. Être le visage d’une guerre et d’une bataille politique est ingrat, mais Rahim s’en sort plus que bien. Il ne se contente pas de jouer Salahi comme un vecteur de douleur, mais comme un individu constamment curieux, dont la situation est d’autant plus douloureuse qu’il est suffisamment intelligent pour comprendre la dynamique du pouvoir qui le maintient en prison.

Et c’est cette dynamique du pouvoir qui permet à The Mauritanian de ne pas être un simple film de genre médiocre. Les véritables batailles qui se déroulent ici ne sont pas entre avocats, ni même vraiment entre pays. C’est entre l’information et le manque d’information, la guerre qui a été transmise au public et celle qui a réellement eu lieu.

Jodie Foster incarne Nancy Hollander, l’avocate des droits de l’homme, dure et cynique, qui se heurte à son cabinet et à l’opinion publique pour prendre en charge le cas de Salahi. Ce rôle lui semble aussi facile que de sortir du lit, car elle se glisse facilement dans la peau de militaires arrogants et sort des phrases lapidaires comme « La Constitution ne comporte pas d’astérisques indiquant que les conditions générales s’appliquent ».

Les autres interprètent leurs rôles tout aussi bien. La bouche de Benedict Cumberbatch fait des heures supplémentaires pour essayer de garder son accent du Sud mâchouillé dans le rôle de l’avocat militaire principal Stuart Couch, mais son mélange naturel d’acier et d’intelligence sert bien le film pour un personnage à un carrefour éthique. Shailene Woodley est parfois malmenée dans le rôle de l’avocate junior Teri Duncan, mais elle porte bien la charge émotionnelle de certains des moments les plus tristes du film.

On sait maintenant ce qui se passe à Guantanamo Bay, mais cela ne rend pas moins horrible la scène de torture finale. Mais l’horreur plus occasionnelle de The Mauritanian est le mépris fondamental de la transparence qui a fini par définir la politique américaine au Moyen-Orient dans les années 2000. C’est un film principalement défini par la paperasserie et des documents fortement expurgés. Et surtout, il est très rarement défini par des preuves.

Le film semble se terminer sur la même ligne dure mais optimiste, mais le post-scriptum vous frappe aux tripes. C’est un rappel brutal que, quelle que soit l’intensité de la lutte pour la justice dans cette guerre apparemment sans fin, elle ne peut pas faire une grande différence. Cela fait maintenant 20 ans que le conflit dure. Les choses n’ont pas changé, elles ont juste changé de nom et de salle d’audience.

Source : Pittsburgh City Paper, 9 mars 2021

Tags : The Mauritanian, Guantanamo, terrorisme, torture, Irak,

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