par Madjid Khelassi
Le président français Emmanuel Macron a reçu, ce mardi, quatre des petits enfants d’Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, que « l’avocat et dirigeant nationaliste algérien ne s’est pas suicidé, mais qu’il a été torturé puis assassiné par l’armée française».
Effets d’annonces ou réelle démarche pour lever le voile sur les crimes de la France coloniale particulièrement lors de la bataille d’Alger?
L’intention se mesurera à l’action. La bataille d’Alger et ses 3000 civils algériens disparus à ce jour, constituent un nœud gordien dans le travail , si travail il y’a, sur l’apaisement des mémoires.
Ali Boumendjel ,brillant sujet algérien (dixit la terminologie coloniale), s’engagea très tôt dans le combat pour l’indépendance de son pays. Avocat, humaniste, il dénonça vite l’injustice d’un système colonial exploiteur,raciste, exterminateur et arrogant .
Arrêté pendant la bataille d’Alger, il fut torturé puis assassiné le 23 mars 1957.
Le général Paul Aussaresses , avouera plus tard, avoir ordonné son assassinat et le maquillage du crime en suicide.
Des horreurs de la longue nuit coloniale, à la reconnaissance de l’assassinat de Boumendjel …il y’a un petit pas de franchi côté français. Mais il en faudrait beaucoup d’autres pour dire la barbarie civilisatrice française.
Faut- il se féliciter de cette sortie Macronienne, ou doit-on raison garder, car Macron fonctionne toujours à double hélice ? Cette fois-ci, c’est un mouvement centrifuge qui lorgne vers l’horizon 2022. Et un mouvement centripète qui drague l’électorat binational, fort de plus de 2 millions d’âmes.
Emmanuel Macron, ou quand l’histoire de la guerre d’Algérie s’invite quand il veut bien, dans la vie politique française. Sauf que la guerre d’Algérie ne pourrait obéir à l’ordre des phrases ou des postures. C’est un dédale de couloirs encore obscurs, de monstruosités, où tout franchissement de miroirs, par le biais d’agendas ou d’arrières pensées, est impossible.
Il y’a 3000 Ali Boumendjel disparus pendant la bataille d’Alger…Toujours enfouis dans les archives du vrai grimé en faux.
Macron s’essaye t-il en un Modigliani peignant la barbarie de la guerre d’Algérie avec une craie évanescente? Les couleurs pourpres de la barbarie coloniale, non encore estompées de l’autre côté de la Méditerranée, risquent de contrarier le tableau, au par à coup, d’un président qui joue aux Delacroix de circonstances.
La Nation, 3 mars 2021
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