Algérie : La fragilité de l’homme politique

On le sait, certains l’ont vécu; la politique est un jeu dangereux. Elle requiert chez l’animal politique de la passion. De la folie. Du courage. De la fourberie. De l’amoralité. Elle tente beaucoup de personnes. Elle ne sourit qu’à certains. Et mêmes à ceux qu’elle sourit, elle finit, presque toujours, par leur tourner le dos, par faire leur malheur.

En cette dernière étape de notre histoire, le hirak a mis à nu les plus fourbes. Les plus véreux. Il a causé leur ruine. Il a précipité leurs chutes. Certains périront dans la misère et le déshonneur. Et, grâce à la volonté de dieu, certains autres seront réhabilités, et d’autres, échapperont à toute inquiétude. Ils retrouveront leur vie d’avant la tempête, leurs affaires, leur quiétude.

Mais avant cette étape il y avait une autre où d’autres hommes politiques ont payé le prix de leurs ambitions. Certains, vils, parce qu’ils “ont trempé la main trop profondément dans le miel”, d’autres, nobles, parce qu’ils ont refusé l’allégeance et les manigances, ou parce qu’ils voulaient le pouvoir, et qui ont donc inquiété ceux qui le possédaient.

Les fourbes, les traîtres, les voleurs, n’en parlons plus. Ouyahia, Sellal, Ould Abbes et leurs comparses ne méritent plus notre attention. Qu’ils pourrissent là où ils sont, qu’ils souffrent, qu’ils restent à jamais prisonniers de leur passé puisqu’ils n’ont plus de présent ni d’avenir. Parlons des hommes. De ceux qui avant de faire de la politique ont fait, bien ou mal, notre histoire. Surtout de ceux qui ont souffert de la trahison des hommes.

Hocine Ait Ahmed, trahi, était un grand homme. Il aurait pu être un TRÈS grand homme. Il avait tout pour celà; l’âme du jeune combattant, l’esprit du stratège, le passé héroïque, la tête bien faite. Il aurait pu être notre Mandela. Hélas il a fini par faiblir. Par fuir de la prison d’El Harrach en 1964. Et pour, presque, ne plus revenir. Il a fuit un plus grand destin.

Contrairement à lui Mandela n’a pas fui. Il a résisté et a fait de sa prison une école de la vie. La plus grande école de la VRAIE vie de l’Afrique du Sud, et au-delà. À sa sortie de prison, il a fait, à lui seul une très grande révolution. À lui seul, il a libéré son peuple de la plus hideuse des injustices et des occupations. Il a donné à l’humanité une de ses plus grandes leçons avant de partir occuper la place royale dans l’histoire qu’il a mérité.

Mandela, contrairement à Da L’Hocine, était résilient. Il est sorti plus fort de ses longues souffrances. Il n’a pas fui son destin. Il lui a fait face. Il l’a maîtrisé. Il a triomphé enfin. On doit à Nicolas Nassim Taleb la notion d’anti-fragilité, qui signifie la capacité, non seulement de revenir à l’état d’avant le choc ( c’est-à-dire la résilience) mais à un état encore plus fort. C’est-à-dire la capacité de tirer profit des difficultés pour en sortir plus fort.

Mandela est le contraire de Ait Ahmed comme l’anti-fragilité et le contraire de la fragilité. La fragilité et l’anti-fragilité, c’est tout ce qui fait la différence entre ces deux grands hommes. Hocine Ait Ahmed, fragile, n’est pas allé jusqu’au bout de son destin.

Mekideche A.

Bel Abbès Info, 23 décembre 2020

Tags : Algérie, Hocine Aït Ahmed, Nelson Mandela,

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